Désormais au cœur d’une région Grand Est qui compte en tout quatre institutions lyriques, l’Opéra national de Lorraine n’en maintient pas moins une identité forte liée à une programmation audacieuse. Installé dans un des pavillons de « la plus belle place de France » (voire d’Europe, ou du monde, selon les plus enthousiastes), l’Opéra de Nancy possède de solides atouts pour attirer de loin les mélomanes.
Adresse : Place Stanislas, mais pour l’administration, 1 rue Sainte-Catherine, 54000 Nancy
Institution lyrique hébergée : Opéra National de Lorraine (depuis le 1er janvier 2006)
Directeur : Laurent Spielmann, depuis 2001
Site web : www.opera-national-lorraine.fr
Années de construction : 1911-1919
Architectes : Emmanuel Héré pour la façade sur la place Stanislas, Joseph Hornecker pour tout le reste
Style architectural : XVIIIe siècle pour la façade, 1900 (mais surtout pas Art Nouveau !) pour l’intérieur. Une structure en béton, comme au Théâtre des Champs-Elysées, mais masquée sous les stucs.
Répertoire de prédilection : Tous, ou presque, depuis le baroque – Artaserse et l’Orfeo de Rossi ces dernières années ont marqué les esprits – jusqu’au contemporain avec plusieurs créations mondiales. Wagner et Richard Strauss (à part Ariane à Naxos et son orchestre de chambre) exigent des effectifs trop lourds dans la fosse et ont disparu ces dernières saisons.
Activités pédagogiques et culturelles : L’Opéra national de Lorraine accompagne le Centre de Formation d’Apprentis (CFA) des métiers des arts de la scène (licence professionnelle « Métiers de la scène lyrique »). L’Opéra propose aux enseignants plusieurs parcours pédagogiques permettant de découvrir l’univers de l’art lyrique, à des conditions avantageuses. Des conférences de présentation des œuvres sont régulièrement organisées. Des’lices d’Opéra, association des amis de l’Opéra de Nancy, a également pour but de faire découvrir l’opéra au plus grand nombre, en particulier parmi les jeunes.
Histoire : Le 9 novembre 1709 est inaugurée, avec la création d’une œuvre d’Henri Desmarest, Le Temple d’Astrée, la « Salle des Machines du Palais Royal ». Nancy est sans doute la seule ville de France où Francesco Galli Bibiena, de l’illustre famille d’architectes de Bologne, ait exercé ses talents, pour le compte de Léopold, duc de Lorraine. Très vie, le lieu est loué à des troupes de comédiens itinérants, devient entrepôt militaire, puis caserne. Le bâtiment est abattu en 1818.
Lors de la construction de la place Stanislas, au milieu du XVIIIe siècle, Nancy se dote d’un nouveau théâtre, dans l’angle à présent occupé par le Musée des Beaux-Arts. Inauguré le 26 novembre 1755, il accueille d’abord surtout le théâtre parlé surtout, avec de brefs opéras comiques en lever de rideau. Au XIXe siècle, on y présente les œuvres qui triomphent à Paris, de l’opérette au grand opéra à la française. Avant de partir diriger la Salle Favart, Albert Carré en est très brièvement directeur. Vers 1900, Massenet et Wagner sont les piliers du répertoire lyrique nancéen, même si l’on continue à donner régulièrement La Juive et Les Huguenots. Le 4 octobre 1906, un incendie ravage tout le bâtiment, par chance, alors qu’il était fermé, après une répétition de Mignon, œuvre décidément maudite…
Les représentations sont transférées vers la Salle Poirel, mais la construction d’une salle d’opéra est aussitôt décidée, et dès le mois de mars 1907, un jury désigne le lauréat du concours : le Strasbourgeois Joseph Hornecker. Alors qu’on prévoit initialement de reconstruire sur les ruines de l’ancien théâtre, on s’aperçoit bientôt que l’ancien Hôtel des Fermiers généraux, situé exactement en face, et jusque-là occupé par l’évêché, est désormais vacant. Seule la façade est conservée, et le projet est adapté en conséquence. En 1911, on creuse les fondations, le chantier avance bien et on prévoit l’inauguration pour l’automne 1914. Les travaux ne reprendront péniblement qu’après l’Armistice, et sans doute la Première Guerre mondiale explique-t-elle pourquoi le plafond de la salle et celui du foyer restèrent blancs. L’édifice a bénéficié en 1994 d’une restauration complète qui lui a rendu tout l’éclat de sa décoration intérieure.
Premier opéra représenté : Sigurd, d’Ernest Reyer, le 14 octobre 1919
Productions marquantes :
- En 1956, création mondiale de l’opéra de Marcel Landowski Le Fou
- Création française de la comédie musicale Hello Dolly avec Annie Cordy, en 1972
- En novembre 1980, quatre représentations de The Rake’s Progress dans les décors et costumes de David Hockney (tournée du festival de Glyndebourne)
- Nombreuses créations françaises : Intolleranza de Nono (1971) ; Boulevard Solitude de Henze (1984) ; König Kandaules de Zemlinsky (2006) ; Le Portrait de Weinberg (2011)…
- Avec Le Freischütz en 1999, Nancy permet à Olivier Py de réaliser sa toute première mise en scène lyrique ; l’Opéra de Lorraine est aussi la première salle de France à présenter une production signée Claus Guth avec Le Messie (2009)
- Le compositeur italien Giorgio Battistelli a donné deux de ses opéras en création mondiale à Nancy : Divorce à l’italienne en 2008, et Il medico dei pazzi en 2014
- En 2013, c’est à Nancy que The Importance of Being Earnest de Gerald Barry reçut sa création scénique
Acoustique : Excellente, particulièrement pour Mozart et son siècle. Les dimensions raisonnables de la salle (1014 places) permettent d’y donner des ouvrages baroques.
Tarifs : De 6 euros (pour la dernière catégorie en tarif réduit) à 69 euros (première catégorie, plein tarif). Dans le dernier quart d’heure qui précède la représentation, les moins de 26 ans peuvent acheter pour 8 euros les places encore disponibles.
Anecdote : Au dernier niveau, un panneau fait régulièrement fantasmer les visiteurs : « Bar oriental ». Loin d’être un lieu de débauche peuplé d’odalisques, il s’agit simplement d’un fumoir désaffecté, aux murs couverts de mosaïques qui n’ont rien de bien exotique, et qui sert désormais de local syndical.
Les bémols : Il n’existe pour l’instant que deux places réservées aux spectateurs handicapés, dans une loge d’avant-scène, au prix de quelques opérations de manutention du fauteuil. Le projet d’un ascenseur à construire à l’extérieur du bâtiment historique a été retenu, ne manque plus que le financement…
Les dièses : Les vestiaires nombreux et gratuits, un par étage jusqu’au poulailler !
Accès : En sortant de la gare, allez tout droit jusqu’à la place Stanislas. Un quart d’heure de marche au maximum, sauf si vous vous arrêtez à la confiserie Lefèvre-Lemoine pour acheter les authentiques bergamotes d’Amélie Poulain.
Où dîner à proximité ? Plusieurs établissements peuvent vous accueillir sur la place Stanislas. La Grande Rue est bordée de restaurants de toutes sortes et pour tous les budgets. En revenant vers la gare, ne manquez pas la brasserie l’Excelsior, le plus superbe restaurant Art Nouveau de Nancy.
Où dormir à proximité ? Historique, pittoresque et tout près, l’Hôtel des Prélats ***. Tout le confort moderne au Mercure ****, à mi-chemin entre la gare et la place Stanislas.