À son inauguration, le Teatro Massimo de Palerme était le plus grand opéra d’Italie et le troisième d’Europe, après le Palais Garnier de Paris et le Staatsoper de Vienne. Si de nombreux scandales ont pu éclabousser la gestion du théâtre (plus de vingt ans de fermeture pour travaux), le Teatro Massimo est entré dans une nouvelle ère de transparence et d’ouverture, avec une qualité de programmation ambitieuse et une offre alléchante, entre valeurs sûres du répertoire et raretés absolues. Un lieu mythique…
Adresse : Piazza Giuseppe Verdi 90138, Palerme, Italie.
Site Web : www.teatromassimo.it
Années de construction : 1875-1897.
Architecte : Giovanni Battista Filippo Basile commence l’édification du bâtiment en 1875 ; son fils Ernesto Basile la termine en 1897.
Style architectural : Néoclassique avec éléments art nouveau.
Répertoire de prédilection : Le grand répertoire, mais aussi des curiosités ou des raretés. On trouvera la liste de toutes les œuvres présentées au Teatro Massimo, depuis sa création, directement sur le site.
Histoire : Le Teatro Massimo, de son nom complet Teatro Massimo Vittorio Emmanuele, est le plus ample d’Italie (7730 m²) avec à son ouverture une capacité de près de 3200 places. Sa scène était au moment de l’inauguration la plus grande d’Europe, après celle de Paris : 700 personnes peuvent s’y tenir. Voulu dès avant l’unité italienne pour promouvoir l’importance de Palerme, face à Naples, comme deuxième ville de l’Italie méridionale, l’ambitieux maire Antonio di Starrabba Rudini lance un concours international en 1864. trente-cinq projets venus du monde entier proposent un niveau de qualité tel qu’il faudra quatre ans pour se décider. Le choix se fixe sur l’architecte palermitain Basile. Le théâtre n’est cependant édifié qu’à partir du 12 janvier 1875, date anniversaire de la révolution sicilienne de 1848. La construction de l’immense bâtiment nécessite que l’on sacrifie trois églises et autant de monastères, dont la Chiesa di Sant’Agata où se serait trouvée la maison de sainte Agathe. Les travaux sont interrompus en 1878 et reprennent en 1890, mais l’architecte Giovanni Battista Filippo Basile décède en 1891. Son fils Ernesto, chantre du style Liberty, reprend et achève les travaux. L’architecture de l’opéra s’inspire des temples antiques et cite des éléments de Sélinonte ou Agrigente. Le pronaos corinthien qui surmonte le superbe et monumental escalier est encadré par deux lions en bronze flanqués des allégories de la Tragédie et de l’Art lyrique. La vaste coupole évocatrice de l’Orient dispose d’une structure réticulaire métallique qui permet de s’adapter aux variations de température par un ingénieux et spectaculaire système d’aération. À l’intérieur, une salle de 450 m² avec cinq niveaux de gradins et de loges encadrent la Loge Royale. Les fresques de la voûte sont de Rocco Lentini et d’Ettore de Maria-Bergler, l’un des plus grands peintres de l’époque.
C’est avec le Falstaff de Verdi que l’on inaugure le théâtre le 16 mai 1897. Les prix des places s’échelonne alors de 3 à 80 lires. La même année, Enrico Caruso triomphe à Palerme avec La Gioconda de Ponchielli. Le roi Umberto Ier de Savoie a pour sa part largement critiqué le projet dans une petite phrase assassine restée célèbre : « Palerme avait-elle vraiment besoin d’un aussi grand théâtre ? » D’abord géré par des fonds privés, le théâtre devient par décret en 1935 Ente Autonomo (structure autonome). Après la Deuxième Guerre mondiale, le Teatro Massimo est l’un des plus renommés d’Italie, pour la qualité de ses mises en scène, ses choix de répertoire et le prestige de ses distributions.
Fermé en 1974 pour rénovations et mise aux normes, les surcoûts, la corruption et les enjeux politiques freinent les opérations et le théâtre ne rouvre ses portes que pour fêter son centenaire, le 12 mai 1997, après vingt-trois ans de travaux ! Sa capacité d’accueil est désormais de 1350 places (des photos anciennes montrent qu’on tenait parfois à douze dans les loges, alors qu’on a un maximum de six places aujourd’hui). La scène finale du Parrain III a été tournée sur les marches de l’imposant escalier du théâtre en 1990, quand les décors de la salle intérieure ont dû être reconstitués à Cinecittà, l’opéra étant alors en pleine rénovation. Durant les travaux, les opéras sont présentés au très beau Teatro Politeama Garibaldi, situé non loin. Aujourd’hui, ce théâtre accueille l’Orchestre symphonique sicilien.
À l’heure actuelle, le théâtre se veut ouvert à tous et cherche à enrichir sa programmation, tout en assurant un niveau artistique de premier plan. Par ailleurs, l’opéra est gay friendly puisqu’il arbore les couleurs du drapeau arc-en-ciel sur les colonnes du pronaos lors du défilé de la communauté LGBT sicilienne au mois de juin.
Éducation : Le Teatro Massimo propose des activités pour les scolaires et des tarifs préférentiels à l’attention du jeune public. Une association s’est créée en 2012, « Giovani per il Teatro Massimo », qui multiplie les actions pour attirer et fidéliser les moins de trente ans avec notamment l’organisation d’apéritifs, de rencontres ou de conférences.
Premier opéra représenté : Falstaff de Giuseppe Verdi le 16 mai 1897.
Créations marquantes : Peu de créations mondiales, mais une profusion d’œuvres rares et inattendues. Toutes les œuvres présentées au Teatro Massimo sont listées sur le site du théâtre. Parmi celles-ci :
- Mese Mariano de Giordano (1910)
- Mimi Pinson, version révisée de la Bohème de Leoncavallo (1913)
- Il Re Ruggero de Szymanowski (1949)
- Alice de Testoni (1993)
- Alice nel paese delle meraviglie de D’Aquila (2010)
- Feuersnot de Strauss (2014)
Meilleures places : Très certainement au parterre, vers le 10e rang au centre gauche, mais dans les hauteurs, les loges sont agréables, à condition de se mettre plutôt de face.
Acoustique : L’ensemble de la salle est en bois de cerisier, choisi pour ses qualités acoustiques ; le résultat est tout à fait probant et l’acoustique est considérée comme l’une des meilleures d’Europe.
Tarifs : Les prix des places pour un opéra oscillent de 15 à 125 euros et sont répartis en 8 secteurs tarifaires. On peut acheter directement son billet sur internet et l’imprimer chez soi.
Visites guidées : Elles sont organisées tous les jours, en italien, anglais, allemand, espagnol et en français entre 9h30 et 18h, au tarif de 8 euros. Le circuit permet de voir la Grande salle, le Salon accolé à la loge Royale, la Salle des Blasons, le Foyer et la Sala Pompeiana o dell’eco (une salle réservée aux hommes à l’origine, dans laquelle l’architecte avait conçu tout exprès un curieux phénomène d’écho, où la voix est amplifiée au centre exact de la pièce). Avec 5 euros supplémentaires, on peut découvrir les coulisses, pour une visite d’une demi-heure. Depuis peu, on peut également accéder à la terrasse avec une vue imprenable sur la ville, au tarif de 20 euros pour la visite complète (il est fortement conseillé de porter des chaussures confortables, le parcours étant complexe).
Anecdotique : La légende veut qu’un fantôme hante le Teatro Massimo. Il avait fallu sacrifier plusieurs édifices pour construire le théâtre en plein cœur de Palerme, dans un tissu urbain très dense. Plusieurs églises ainsi que le monastère de l’Immaculée Conception à Saint-Julien avaient été détruits ; c’est la « monachella » mère supérieure de ce dernier bâtiment qui se promène sur la balustrade des loges, vêtue de blanc avec un voile sur la tête, grande et brune. Elle habite au troisième sous-sol, sous la scène, à plus de vingt mètres de profondeur. Rien à voir avec le fantôme de l’opéra Garnier : la dame, surnommée affectueusement Virginia par les employés du théâtre, est peu agressive et se contente de faire des croche-pattes, d’ailleurs toujours au même endroit, sur l’une des marches d’un escalier situé près de la salle des miroirs, le « gradino della suora ». Ce ne sont que les sceptiques qui trébuchent à cet endroit, a-t-on pu constater. La nonne était morte enfermée dans sa cellule, au cours d’un incendie. Ses ossements avaient été dispersés sans égards au moment de la construction du nouvel opéra, ce qui explique son courroux. D’aucuns pensent que c’est la raison pour laquelle le théâtre a fermé si longtemps : vingt ans de travaux ont été nécessaires, rappelons-le, avant la réouverture en 1997. Mais les superstitieux savent aussi que la dame n’apparaît pas à tous ceux qui sont nés un vendredi…
Tenue : Ce qu’on voudra, à partir du moment où ce sera porté avec un minimum de chic.
Vestiaire : Dans l’entrée principale.
Toilettes : À tous les étages.
À l’entracte : Le Caffè del Teatro Massimo vient de rouvrir ses portes (de 7h30 à 17h le lundi, 22h30 les autres jours et 24h les vendredis et jours de fête). Après avoir accueilli le Club de la Presse, il est maintenant à la disposition de tous et propose également un restaurant (ouvert du mardi au dimanche de 12h à 15h et de 19h à 22h30) ainsi qu’une boutique.
Le bémol : Si le théâtre est majestueux et ses abords grandioses, la déception est grande dès les portes franchies. L’intérieur est très mal entretenu et l’ensemble mériterait un sérieux coup de peinture. Cela dit, vu la durée de la précédente fermeture pour travaux, fermons les yeux et prenons patience !
Le dièse : « O tu Palermo, terra adorata ». Quelle ville, en effet, et quel beau théâtre (oublions le « bémol » énoncé précédemment), avec ou sans Al Pacino sur ses gradins dans le Parrain III…
Accessibilité : Le théâtre est accessible aux personnes à mobilité réduite et un tarif préférentiel ainsi que des places attitrées leur sont réservées au parterre. Les visites guidées leur sont également accessibles totalement pour le théâtre et partiellement pour les coulisses.
Accès : Situé en plein cœur de la ville, le Teatro Massimo est accessible à pied, à 15 minutes de la gare, du port ou de la Cathédrale. Un parking est situé sur Piazza Verdi, à l’angle de la via Favara et un parking à vélo à l’angle de la via Rossini. Une station de taxis complète la place et plusieurs lignes de bus desservent le théâtre.
Boutique : La boutique est ouverte tous les jours sauf le lundi de 9h30 à 13h et de 15h à 19h30. Dans la boutique, on trouve de tout, livres, disques, partitions et objets dérivés à l’effigie du Teatro Massimo.
Où dîner à proximité ? En plus des cafés ou restaurants du Teatro Massimo, on trouvera de nombreux endroits où très bien dîner à des prix raisonnables, pour se faire une bonne idée de la gastronomie italienne et surtout des sublimes pâtisseries siciliennes.
Où dormir à proximité ? À proximité du théâtre, on peut essayer le mythique Grand Hôtel & des Palmes sur la via Roma ou, près de la Piazza Politeama, les hôtels Ai Cavalieri ou Plaza Opera.