La disparition prévisible d’un orchestre est toujours triste. L’Orchestre de Dijon-Bourgogne n’a plus les moyens de poursuivre son activité. Promis à la cessation de paiement, il s’est tourné vers son principal bailleur, la ville de Dijon, pour réclamer une rallonge conséquente. Le refus de la municipalité, arguant une mauvaise gestion, a mis le feu aux poudres. L’association gestionnaire de l’orchestre, après avoir affûté ses armes, a lancé une pétition, qui a franchi le cap des 5000 signatures.
L’orchestre actuel, né dans la douleur de la fusion de l’orchestre de l’Opéra et de la Camerata, en 2009, est géré par cette dernière association, à la demande de la Ville. Une convention le lie tant à celle-ci qu’à l’Opéra, auquel il est redevable de deux productions lyriques annuelles et de concerts symphoniques. Les musiciens de l’orchestre de l’opéra ont été repris (avec leur contrat et les avantages acquis) et comportent nombre de professeurs du CNR, ce qui devrait être une garantie de qualité, mais qui limite leur disponibilité. Au nombre de 48, ils sont redevables de 90 services annuels, ce dont l’association affirme ne pas avoir les moyens. Un jeune chef, Gergely Madaras, lauréat du concours de Besançon a été recruté pour trois ans en mars 2013. Force est de reconnaître que, depuis son arrivée, la métamorphose est intervenue : l’orchestre actuel n’a cessé de progresser et a atteint un niveau enviable.
L’adjointe à la culture, en charge du dossier, ne communique que par voie de… communiqué.
Les responsables de l’orchestre, privés d’interlocuteur, s’emploient à faire valoir leurs arguments, et semblent entendus, sinon à Dijon. Le directeur de l’opéra, Laurent Joyeux, L’impresario in angustie, voit compromis plusieurs projets de sa saison prochaine, notamment le concert d’ouverture (Musiques françaises, de Rameau à Maestracci), la Messe en la bémol de Schubert, le Barbier de Séville, aussi (fin février)…
Les musiciens et leur syndicat se préparent à lancer des procédures contentieuses aux prud’hommes et au tribunal administratif. On parle de plus en plus d’un important concert de solidarité, avec de nombreuses participations venues de toute la France. Si Rameau y est célébré, il ne sera pas pour autant à la fête ! La rentrée musicale risque d’être chaude si la moutarde monte au nez des protagonistes. A suivre.