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Faut-il enregistrer Philidor ?

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Brève
15 août 2014
Faut-il enregistrer Philidor ?

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L’opéra-comique français du XVIIIe siècle est décidément un genre bien difficile, et bien malin qui en détient aujourd’hui les clefs d’une interprétation satisfaisante. Le label Maguelone nous livre le reflet sonore de Blaise le Savetier monté l’été dernier par l’ensemble Almazis, dirigé par Iakovos Pappas, avec quelques chanteurs dont certains sont des collaborateurs réguliers de la Péniche Opéra. On est d’abord assez déconcerté par l’absence de toute ouverture musicale, le disque démarrant in medias res sur un dialogue peu amène entre le héros et son épouse. Et quand la musique proprement dite se fait entendre, on est surpris par certains glissandos de l’orchestre, le mot paraissant bien pompeux pour les cinq instrumentistes formant l’ensemble Almazis (parmi lesquels figure Antoine Pecqueur, connu des téléspectateurs pour présenter les retransmissions d’opéra sur Mezzo). S’il faut en croire le texte d’accompagnement, le spectacle a remporté un « triomphe » lors de sa présentation à La Chabotterie en 2013 : c’est sans doute vrai, à en juger d’après les applaudissements nourris que recueillent les artistes, mais il est difficile de partager l’enthousiasme du public estival à l’écoute de la seule bande-son. Quant à la distribution, si les messieurs s’en tirent par un certain abattage à défaut d’avoir des timbres bien séduisants, les dames ne sont franchement pas très agréables à écouter. La voix de Caroline Chassany devient très vite floue dès qu’elle s’élève au-dessus du medium et le texte devient à peu près incompréhensible, seuls les graves étant bien timbrés et articulés ; dans le dialogue, l’âpreté de sa diction renvoie davantage au théâtre naturaliste qu’aux spectacles de foire. Quant à Elisabeth Fernandez, en dehors d’une ariette plus jouée que chantée (avec une incursion dans les vocalises à la Florence Foster Jenkins), on ne l’entend que dans des ensembles où sa voix surnage, étant la plus aiguë. Compte tenu de l’intérêt musical très mince de cette partition de Philidor, il est à craindre que cet enregistrement n’ait qu’une valeur documentaire et que ce disque soit de ceux qu’on s’efforce d’écouter jusqu’au bout mais dont l’existence ne s’imposait pas vraiment.

Blaise le savetier, opéra-comique d’André Danican Philidor (1759), avec Paul-Alexandre Dubois, Caroline Chassany, Christophe Crapez, Elisabeth Fernandez et Jérôme Gueller, ensemble Almazis, Direction musicale : Iakovos Pappas, enregistré à la Villa Rose, Malakoff, en septembre 2013,  1 CD Maguelone MAG111.196 – 55’11

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