S’il a déjà signé 17 productions lyriques en Europe, Krzysztof Warlikowski est régulièrement invité dans les plus grands festivals et théâtres avec sa troupe du Nowy Teatr de Varsovie qu’il a fondée en 2008. Son équipe technique, la même qu’à Paris pour le diptyque Bartok/Poulenc l’accompagne, fidèle. Sa dernière création, Les Français*, est un dialogue avec l’œuvre monument de Proust. Le Narrateur (Marcel) apparaît d’ailleurs comme son parfait double physique et sa recherche est finalement bien celle d’un metteur en scène, amoureux de son objet théâtral. Comme chez Proust, le temps retrouvé et la rédemption par l’art, Warlikowski sauve ce qui peut l’être par le théâtre et fait sens par une mise en scène où se concentrent toutes les idées forces qu’il dissèque régulièrement à l’opéra : la décadence, la femme et ses figures, l’antisémitisme, l’homosexualité et l’ambivalence sexuelle. Surtout dans cette société qui se putréfie au milieu de l’art, il se délecte de la musique et du chant, toujours présents et envoûtants dans ses réalisations. La scène Mélisande-Golaud à la fin de l’opéra de Debussy est ainsi mimée sur scène, pendant qu’une antique bande-son prête sa voix aux époux d’Allemonde. Un univers qui siérait parfaitement au Polonais. Faut-il y voir le signe d’un de ses prochains projets ?
* Les Français, d’après A la recherche du temps perdu, de Marcel Proust. Adaptation par Krzysztof Warlikowski et Piotr Gruszczynski. A la Comédie de Reims, les 30 et 31 janvier, puis en tournée : à la Comédie de Genève du 11 au 13 février, au Parvis de Tarbes les 22 et 23 mars, au Théâtre de Chaillot à Paris les 18, 19, 22 et 25 novembre, à la Filature de Mulhouse les 2 et 3 décembre.