Le Mikado, opérette de Gilbert et Sullivan (1885) très populaire dans les pays anglo-saxons, y est régulièrement jouée dans les écoles et les troupes d’amateurs. Est-ce à dire qu’elle est facilement transposable en France ? Très rarement représentée (par exemple l’amusante production de l’opéra de Tours reprise à Metz en 2004), elle n’appartient pas à notre culture collective. David Stern et son ensemble Opera Fuoco l’ont pourtant choisie. Tous les deux ans, en effet, ce chef adapte une œuvre lyrique pour la mettre à la portée des jeunes qui sont invités à l’interpréter sur le plateau. La représentation du Mikado regroupe dix-huit artistes professionnels, quatre classes primaires de Montigny-le-Bretonneux et de Trappes et vingt choristes amateurs adultes de l’Ensemble Vocal de Saint-Quentin-en-Yvelines. Côté coulisses, des élèves et enseignants du lycée des Métiers d’arts du spectacle de Sartrouville et une classe de SEGPA du Collège Ambition Réussite de Trappes ont été associés à la réalisation des décors et des costumes, tandis que des lycéens de Plaisir ont planché sur la réécriture du livret en français.
Pari gagné : devant une sable archi-comble, l’immense plateau accueille jusqu’à 200 personnes qui, sous la direction de la metteure en scène Véronique Samakh, font revivre les fastes humoristiques d’un Japon de pacotille. Les personnages défilent, les tableaux s’enchaînent. Les plus douées, les filles de CM2, d’une impeccable discipline. Les plus expressifs, les garçons des mêmes CM2. Les familles, dans la salle, découvrent visiblement avec plaisir cette œuvre chantée en anglais (surtitré) mais parlée en français. L’adaptation est astucieuse même si elle a entraîné des coupures : l’absence du rôle de Pish-Tush, par exemple, impose la disparition de l’irrésistible madrigal. Mais les mordus retrouvent les grands morceaux de bravoure : « la liste », bonne occasion de donner des coups de griffe, comme le veut la tradition, à l’actualité et donc aux « ténors » des récentes élections devant un Benoît Hamon qui apprécie la plaisanterie ; « Three little girls from school », « Tit Willow », ou encore les interventions de Katisha, ici chantée par un haute-contre.
Un bel exemple d’action à la fois intergénérationnelle et pédagogique. [JMH]
Le Mikado, vendredi 25 mai, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines