Allons, tout ne va pas si mal dans le petit monde de l’art lyrique, même en Italie, pays que l’on dit pourtant sinistré. Ainsi la Fenice annonce une hausse de fréquentation de 23% entre 2008 et 2013 et le doublement durant la même période de son nombre de représentations (118 contre 60). Sur les 96 000 spectateurs accueillis l’an passé, les Français représentent la part la plus importante, avec le public italien, soit 38%. On les comprend. Non seulement Venise est une des plus belles villes du monde, facilement accessible de Paris et d’ailleurs en France, mais en plus ses propositions lyriques sont de plus en plus alléchantes.
Ainsi, la saison prochaine affiche 125 représentations d’opéra, 8 nouvelles productions et 7 œuvres de répertoire. Pour le 10e anniversaire de la réouverture de la Fenice, les 22 et 23 novembre prochain, on pourra applaudir le couple verdien du moment, Maria Agresta et Francesco Meli, dans Simon Boccanegra. La version italienne d’Alceste de Gluck mise en scène par Pier Luigi Pizzi créera l’événement au printemps 2015. Vivaldi sera prophète en son pays avec une version scénique du plus fameux de ses oratorios, Juditha triumphans. Lors de la Biennale, Norma sera revisitée par une des plasticiennes en vogue actuellement, l’afro-américaine Kara Walker. Après la trilogie Da Ponte, Damiano Michieletto poursuivra son projet Mozart avec une nouvelle production de La Flûte enchantée. Enfin, dernier exemple d’un dynamisme retrouvé et main tendue en direction de ces Français qui la fréquentent en majorité, la Fenice proposera La voix humaine de Francis Poulenc interprétée par Ángeles Blancas Gulín. C’est gentil mais pourquoi une soprano espagnole dans un rôle où la prononciation de notre langue est clé ?