Depuis quelques années, la générosité du Centre de musique romantique française, alias Palazzetto Bru Zane, nous permet de redécouvrir quantité d’œuvres tombées dans l’oubli, bouleversant radicalement notre connaissance de la scène lyrique parisienne entre 1770 et 1830 (avec des splendeurs comme La Mort d’Abel de Kreutzer ou Renaud de Sacchini), ou révélant ces pépites que sont les cantates du Prix de Rome composées par les plus grands, Debussy, Saint-Saëns ou Gustave Charpentier. Mais cela ne suffisait apparemment pas, et voici qu’après les collections « Opéra français » et « Prix de Rome », une nouvelle série voit le jour, « Portraits ». Le premier volume, à paraître le 28 janvier, est consacré à Théodore Gouvy (1819-1898), compositeur franco-allemand anti-wagnérien, proche de Mendelssohn et de Brahms. Selon les excellentes habitudes du Palazzetto, il s’agit d’un superbe livre-disque qui contient pas moins de trois CD. Seul regret, sur ces trois heures de musique, le répertoire symphonique et chambriste est privilégié, avec quatuors, sérénades pour piano et pièces pour orchestre, et le chant n’occupe guère que douze minutes. La Religieuse (aucun rapport avec celle de Diderot, on s’en doute) est une brève cantate qui fut en son temps interprétée par Pauline Viardot, et qui se pare ici du timbre somptueux de la mezzo Clémentine Margaine. Pour mieux connaître la musique vocale de Gouvy, on pourra tendre une oreille du côté de son Œdipe à Colone ou de son Iphigénie en Tauride (sortis en 2013 et 2010 chez CPO), de son Electre ou de son Requiem (sortis en 2000 et 1994 chez K.617).
Théodore Gouvy, Cantate, oeuvres symphoniques et musique de chambre, Clémentine Margaine, Tedi Papavrami, Emmanuelle Swiercz, Quatuor Cambini-Paris, Quatuor Parisii, Trio Arcadis, Orchestre national de Lorrain, dir. : Jacques Mercier, Orchestre philharmonique royal de Liège, dir. : Christian Arming. « Portraits », vol. 1, Ediciones Singulares/Palazzetto Bru Zane, ES 1014, Livre + 3 CD (71’52 + 65’23 + 55’45)