Digne ancêtre du capitaine Haddock, le commandant de Feuillemorte a fort à faire avec cette Créole de vif argent, et ne se prive pas de lancer nombre de jurons. Mais, malgré un livret vaudevillesque, cet opéra-comique d’Offenbach ne connaît qu’un demi-succès à sa création en 1875. Vite oublié, il ne réapparaît à l’affiche qu’en 1934, quand Willemetz en signe une adaptation faite sur mesure pour Joséphine Baker. Mais il est alors considérablement modifié (voir notre compte rendu de cette version donnée en 2009 à Tourcoing sous la direction de Jean-Claude Malgloire). Les Tréteaux Lyriques nous offrent aujourd’hui la possibilité de voir enfin cette œuvre dans sa version originale, jamais reprise depuis sa création. Très proche dans son esprit de Pomme d’Api (1873), elle ne comporte pas de très grands airs passés à la postérité, mais la Chanson Créole et l’air de la Poularde sont notamment fort divertissants.
La compagnie Les Tréteaux Lyriques, créée en 1968, mêle amateurs et professionnels. Elle s’est fait une spécialité des grandes œuvres d’Offenbach, avec notamment La Princesse de Trébizonde (2009) et Le Pont des Soupirs (2011). L’ensemble tient bien la route avec l’ensemble Ad Lib sous la baguette de Laurent Goossaert, et des solistes et chœurs animés d’une fougue irrésistible. Parmi eux, les deux notaires et les deux demoiselles d’honneur offrent d’inoubliables créations caricaturales dignes de la verve d’Offenbach. A noter que plusieurs lycées professionnels ont participé à la réalisation des décors et des costumes, et que tous les bénéfices sont intégralement reversés à quatre associations caritatives : en allant applaudir ce spectacle, vous aiderez Perce-Neige, Les Enfants de la Goutte d’Or, AGAPA et FIDEI. [Jean-Marcel Humbert]
Paris, Espace Pierre Cardin, prochaines représentations les 29 et 30 novembre et le 1er décembre 2013, et les 9, 10, 11, 12, 17, 18 et 19 janvier 2014. Renseignements et réservation sur Internet : treteaux‐lyriques.fr