......
|
PARIS
16/12/2007
Inga Kalna
© DR
Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759)
ALCINA
Opera seria en 3 actes sur un livret anonyme
d’après « Orlando Furioso » de l’Arioste (1735)
Mise en scène : Robert Carsen
Décors et costumes : Tobias Hoheisel
Lumières : Jean Kalman
Mouvements chorégraphiques : Philippe Giraudeau
Avec :
Inga Kalna : Alcina
Vesselina Kasarova : Ruggiero
Olga Pasichnyk : Morgana
Sonia Prina : Bradamante
Xavier Mas : Oronte
François Lis : Melisso
Judith Gautier : Oberto
Chœurs de l’Opéra National de Paris (chef des chœurs : Peter Burian)
Ensemble Matheus
Direction musicale : Jean-Christophe Spinosi
Paris, Palais Garnier, le 16 décembre 2007
|
"Speedosi !
Jouée pour la troisième fois en
huit ans, Alcina selon Robert Carsen est l’un des plus fameux
spectacles de l’Opéra de Paris. Si elle se laisse
agréablement regarder, la mise en scène n’est pas
des plus marquantes parmi toutes celles du canadien. La direction
d’acteur est réglée avec un professionnalisme
indéniable, mais rien de fondamentalement nouveau ou original ne
nous est appris sur les personnages. Du coup, la forme séduit
davantage que le fond, les décors élégants de
Tobias Hoheisel et les subtils jeux de lumières signés
Jean Kalman s’avèrent plus intéressants que des
déplacements honnêtes et sages, qui ne dépassent
pas le cadre d’une luxueuse illustration.
Le théâtre et la dramaturgie, c’est à
l’orchestre que nous les trouverons : toujours aussi prompt
à communiquer son enthousiasme, jamais à court
d’idées, Jean-Christophe Spinosi galvanise ses troupes
avec bonheur : entrée réussie dans la fosse du
Palais Garnier !
Le casting réuni pour l’occasion, s’il semble moins
luxueux sur le papier que celui de 1999 (Fleming, Graham, Dessay,
Kulmann) ou de 2004 (Orgonasova, Kasarova, Ciofi, Genaux), finit par
convaincre, en dépit de plusieurs faiblesses. Au sommet, Inga
Kalna signe une incarnation majeure de l’enchanteresse Alcina,
parvenant sans faiblir au bout de ce rôle éprouvant,
montrant à chaque instant un timbre fruité et une
expressivité à fleur de peau. « Si, son
quella » et « Ah, mio cor »,
bouleversants tous les deux, sont les temps forts de cette superbe
interprétation ! A ses côtés, Vesselina
Kasarova déconcerte. A la fin du premier acte, nous
n’avons entendu de la mezzo bulgare que deux airs la montrant
imprécise dans les vocalises, peu audible, et
empêtrée dans des registres qui n’ont jamais
semblé si hétérogènes (d’autant plus
mis en évidence par la tessiture de Ruggiero). Si par la suite
elle se rattrape dans un « Mi lusingha… »
d’une poignante poésie, et si elle fait toujours de
« Sta nell’Ircana » un morceau de bravoure
décoiffant et triomphal, force est de constater que la voix de
Kasarova semble devenu un instrument hors-contrôle.
Inquiétant. Aigu lumineux et engagement sincère, Olga
Pasichnyk fait une Morgana aussi idéale que Xavier Mas est
parfait en Oronte. Si François Lis n’a pas
l’âge vénérable de Melisso, il en
possède déjà l’autorité et la ligne
de chant, tandis que la belle Judith Gautier est un Oberto attachant.
La déception vient alors de Sonia Prina, qui ne semble pas
à son affaire avec la tessiture et (qui l’eût
cru ?) les vocalises de Bradamante. On attend de retrouver cette
superbe artiste dans un rôle plus adapté à ses
moyens !
En conclusion, une reprise très estimable de cette production,
qui nous fait attendre deux éventuels rendez-vous : le
retour de Spinosi à l’Opéra, et celui de Sonia
Prina, dans un autre rôle (… et pourquoi pas Giulio Cesare ?) !
|
|