OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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PARIS
30/11/2007
 
Joyce Didonato ©
DR

Joyce DiDonato, mezzo-soprano

Joseph Haydn
Symphonie n° 82 HOB.1/82 en ut majeur « L’Ours »

Georg Friedrich Haendel
Alcina
- « Verdi prati » (air de Ruggiero)
- « Stà nell’ircana » (Air de Ruggiero)

Entracte

Georg Friedrich Haendel
Hercules
« Where Shall I fly » (air de Dejanira)
Serse
« Ombra mai fu » (air de Serse)
Alcina
- Sinfonia
-  « Mi lusinga » (air de Ruggiero)
Rinaldo
- « Venti,turbini » (air de Rinaldo)

Bis
Rinaldo
- « Venti,turbini » (air de Rinaldo)

Antonio Vivaldi
Orlando Furioso
- « O Ingiusti Numi …Andero’, Chiamero’ dal profondo » (Air d’Alcina )

Georg Friedrich Haendel
Serse
- « Ombra mai fu’ » (air de Serse)


Ensemble Matheus
Jean-Christophe Spinosi, direction

Paris, Théâtre des Champs-Elysées
Vendredi 30 novembre, 20h

Merveilleuse Joyce

C’est encore tout auréolée de son succès dans Ariodante à l’Opéra de Genève que Joyce DiDonato débarquait à Paris pour remplacer Marie-Nicole Lemieux - qui vient de mettre au monde une petite fille - dans un récital consacré aux airs d’opéras de Haendel, sous la direction de Jean-Christophe Spinosi. On sait la longue complicité qui unit la cantatrice québécoise et le chef français, en revanche c’est la première fois que celui-ci travaille avec Joyce DiDonato. C’est pourquoi, tout en respectant la thématique du récital, les deux interprètes ont dû choisir essentiellement des pages qui leur étaient familières. Faute de temps sans doute pour assurer un nombre suffisant de répétitions, une œuvre symphonique a été ajoutée au programme qui ne comporte que six airs, au lieu des dix initialement prévus, dont seul subsiste l’extrait d’Hercules qui figure au répertoire de la mezzo-soprano. La part belle est faite à Alcina que Spinosi dirige actuellement à Garnier. Curieusement, le choix s’est porté sur les airs de Ruggiero, un rien trop graves pour la cantatrice américaine qui vient d’aborder le rôle-titre à Poissy (1).

La soirée s’ouvre donc avec la première des Symphonies Parisiennes de Haydn, interprétée avec fougue par un Jean-Christophe Spinosi survolté qui, dans son élan, escamote quelque peu le contraste voulu par le compositeur entre l’élégant menuet qui constitue le troisième mouvement et le finale vivace qui évoque la danse de l’ours. En outre les vents de l’ensemble Matheus ont paru quelque peu en désaccord avec la justesse.

Les deux extraits d’Alcina qui concluaient la première partie étaient propres à mettre en valeur toutes les facettes de l’art de Joyce DiDonato : sa ligne de chant raffinée alliée à un legato d’une tenue impeccable nous ont valu un « Verdi parti » de grande classe, subtilement teinté de nostalgie ; sa technique sans faille et la précision de ses vocalises dans le redoutable « Stà nell’ircana », dont elle orne la reprise d‘un feu d‘artifice de variations vers l‘aigu, ont déchaîné l‘enthousiasme du public.

Après l’entracte, la cantatrice retrouve avec Dejanira un personnage familier qui lui permet d’offrir un ébouriffant « where shall I fly » dont elle surmonte les difficultés avec une aisance désarmante qui, le temps d’un air, fait revivre les fastes des représentations aixoises et parisiennes d’Hercules, en 2004, demeurées dans toutes les mémoires et immortalisées par le DVD. (2)

Le timbre lumineux de Joyce DiDonato et sa science de la messa di voce renouvellent l’intérêt d’une page aussi rebattue que le largo de Serse, un rien appliqué cependant, ce qui nous en vaudra une reprise pleinement convaincante tout en nuances exquises. Une petite erreur s’étant glissée dans l’air de Rinaldo, la cantatrice souhaitera le bisser également. Bon enfant, Spinosi explique aux spectateurs que c’est la première fois qu’elle interprète ces deux airs en public. On notera aussi au cours des bis la présence de l’air d’Alcina extrait de l’Orlando Furioso de Vivaldi, compositeur qui a largement contribué à la réputation du chef.

Compte tenu des circonstances on pardonnera les quelques approximations - non dénuées de charme - de cette soirée, magnifiée par la présence rayonnante de Joyce DiDonato qui, à elle seule, justifie les quatre étoiles accordées à ce concert.



Christian PETER



Notes

(1) Le 29 septembre 2007 sous la direction d’Alan Curtis. Une parution en CD est annoncée.
(2) Direction William Christie. 2 DVD
Bel Air Classique
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