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(Théâtre du Châtelet) (A gauche : Renée Fleming - A droite Christoph Eschenbach)
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Paris, Théâtre du Châtelet : Jeudi 23 mai 2002 Programme : Mozart
Verdi
Strauss
Renée Fleming, soprano Orchestre de Paris
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Prendre une place pour un récital sur le seul nom d'une artiste comporte quelques risques. Tout d'abord, le ou les répertoire choisis ne sont pas forcément adaptés à votre goût personnel. D'autre part, la star n'est pas forcément bien "accompagnée", élément important surtout quand les airs alternent avec des moments symphoniques. Le concert de Renée Fleming au Théâtre du Châtelet ne déroge pas à cette règle. Bien sûr, mêler dans un même programme Mozart, Verdi et Strauss est a priori très alléchant car l'on sait par avance qu'elle excelle dans ce répertoire et que, de ce fait, elle devrait retrouver les faveurs de la minorité de ses fans qui n'acceptent pas son passage dans le bel canto (minorité hélas bruyante et gougnafière lors de la deuxième représentation du Pirate*). Le résultat et l'impression générale furent donc certainement très variés selon les goûts de chacun. Par exemple il faut aimer les airs de concerts de Mozart, chefs-d'úuvre pour certains, ersatz d'airs d'opéra pour d'autres. A moins d'en être friand, on peut regretter que Renée Fleming n'ait pas choisi de nous interpréter un air de la Comtesse et (ou) de Donna Anna. Ce regret était d'autant plus flagrant que la diva a abordé cet air d'une façon terriblement timide et prudente. Cette absence d'assurance était renforcée par la direction hasardeuse de Christoph Eschenbach, à la fois à la baguette (pardon à la main !) et au piano. L'angoisse était même perceptible dans les rangées de l'amphithéâtre. La Belle était-elle malade ? Fatiguée après les efforts du Pirate ? Découragée par les sifflets du jeudi d'avant ? Avec La prière du Saule de l'Otello de Verdi vint le soulagement puis le plaisir total de retrouver notre voix Flamby dans toute sa plénitude et ses petits défauts (moins flagrants que pour Le Pirate). Ses "salce" en état d'apesanteur vous donnaient de véritables frissons dans le dos. Il y avait peut être des auditeurs insensibles à Verdi, mais compte tenu des applaudissements, il étaient rares, beaucoup plus rares que les allergiques aux airs de concert de Mozart. Finir par la scène finale de Capriccio est une gageure. Ce dernier opus de Strauss est difficile à aborder pour qui n'est pas un aficionado convaincu du maître viennois. Autre difficulté pour Renée Fleming : donner le même sentiment de plaisir qu'avec Verdi et que dans son enregistrement ("Strauss Heroines"). Le velouté de la voix est toujours là, la ligne de chant toujours aussi sublime (mais quand est ce qu'elle respire ?) mais elle fut trop souvent cachée par un orchestre terriblement bruyant (voir plus loin). Afin de réconcilier (presque) tout le monde, la diva nous gratifia d'un bis avec "Depuis le jour." tirée de Louise de Gustave Charpentier. Là non plus, on peut ne pas aimer cet opéra social, mais il est difficile de résister à la douceur langoureuse de l'interprétation de Fleming. L'assistance partit comblée et frustrée à la fois (nous aurions bien aimé un deuxième petit supplément). Côté orchestre, on peut émettre un doute : * soit sur l'acoustique du Châtelet, qui est peut être redoutable au niveau de l'amphithéâtre avec une perception assez détestable du travail de l'orchestre : absence de nuances, fortissimos assourdissants, flûtes stridentes, cuivres pâteux... * soit Eschenbach a surtout privilégié les décibels dans le but de battre le maestro Chung sur le terrain où il excelle, au détriment d'un véritable travail musical. Travail bâclé (c'était
quand même assez évident chez Mozart) ou salle inadaptée
? D'autres auditeurs pourront donner leur avis...
Mais, de toute façon, il y avait
Renée ...
Bertrand Bouffartigue
* Cette interprétation est toute personnelle car il síagissait peut être díanti fleming primaires ou díayatollahs du bel canto. |
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