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LYON

07/12/02

 
Boris Godounov

Modeste MOUSSORGSKY

Direction musicale: Ivan Fisher
Mise en scène : Philipp Himmelmann
Décors : Johannes Lieacker
Costumes : Jorge Jara
Éclairages : David Cunningham

Boris Godounov : Vladimir Matorin
Féodor  : Svetlana Lifar
Xénia : Hélène Le Corre
La Nourrice : Martine Olmeda
Prince Chouïski : Jan Jezek
Chtchelkalov : Pierre Yves Pruvot
Pimène : Serguei Aleksashkin
Grigori : Zoran Todorovich
Marina : Mzia Nioradze
Rangoni : Paul Gay
Varlaam : Peter Daaliysky

Opéra National de Lyon - 7 décembre 2002


Alain Durel, directeur en fin de mandat de l'opéra national de Lyon, avait annoncé, dès son arrivée, son intention de rétablir à l'affiche les grands titres du répertoire qui avaient été délaissés ces dernières années. C'est dans cet objectif que nous avons pu voir programmer lors des saisons précédentes les Faust, Russalka, Cenerentola, Traviata, Lucie de Lamermoor et autre Bohême... Pour en arriver, ce soir ; à un des monuments de l'opéra russe, Boris Godounov, en grande partie très réussi.

En premier lieu, cette réussite tient au travail accompli par Ivan Fisher à la tête de son orchestre (même si ses problèmes familiaux qui malheureusement ne lui permettront pas d'assurer la direction de toute la série). Il faut bien reconnaître qu'il gagne là ce qu'il avait notamment manqué pour Russalka : cela faisait longtemps que l'orchestre n'avait pas sonné à ce point ! Toute la sensualité et la suavité des cordes était au rendez-vous, cette musique qui, par bien des aspects, peut rapidement se transformer en un long fleuve ennuyeux, était ce soir magnifiée par une lecture toute en tensions, où chaque accent était à sa place, chaque rupture ou déferlement sonore totalement maîtrisé. De la même manière, le choeur, parfaitement en place, réalise des merveilles, on n'ose imaginer les services de répétitions !

Riche et homogène, le plateau vocal ne comporte aucune faille : de nombreux rôles sont tenus par les chanteurs en résidence à l'Opéra de Lyon (notons les Xénia d'Hélène Le Corre, Féodor de Svetlana Lifar et l'aubergiste d'Hélène Jossoud), lesquels brillent par leur aisance et la qualité de leur préparation. Nous retrouvons avec bonheur Mzia Nioradze qui, avec sa Marina, occupe quasiment à elle seule, et avec quel brio, tout le 3e acte !

Vladimir Matorin campe un Boris magnifique et visiblement bien exercé au rôle. La facilité d du chanteur, les superbes chatoiements de son timbre rachètent largement une émission parfois curieuse, entre le nez et la gorge, et une ligne de chant malmenée lorsqu'elle est sacrifiée au jeu de l'acteur. Remarquons également la splendide basse Serguei Aleksashkin, qui est tout à fait stupéfiant en moine Pimène ! Seul le Grigori de Zoran Todorovich déçoit, peu musical et flanqué d'aigus serrés et difficiles.

Le spectacle jouit d'un scénographie aboutie : l'idée - a priori un peu simpliste - qui consiste à placer les actions des puissants, Tsars et religieux dans grand un escalier doré, alors que le peuple (le choeur) est manifestement retenu au sol dans un décor plutôt froid (couleur béton), fonctionne à merveille. Les entrées qui se font obligatoirement par le haut et les jeux d'acteurs sont suffisamment réfléchis et maîtrisés pour ne jamais devenir lassants. Au contraire, bénéficiant d'éclairage superbes, le décor épouse idéalement les ambiances sombres voulues par Philippe Himmelmann. L'intérêt est constamment renouvelé, rythmé par les apparitions et les mouvements de la foule et on sort de cette production émerveillé, au terme de presque quatre heures de musique, sans aucun ennui, sans le moindre bâillement.
  


Loïc Lachenal
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