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Florence Foster Jenkins
The complete legacy (1937-1951)
1. à 9. Florence Foster Jenkins (voix),
Cosme McMoon (piano) (1941-1944)
Zauberflöte (Mozart) - Air de la Reine de la nuit
Seranata mexicana (McMoon)
Musical Snuff Box (Anatol Liadov)
Like a bord (compos. Inconnu)
Lakmé (Delibes) – Air des cloches
Perle du Brésil (David) – Charmant oiseau
Die Fledermaus (J. Strauss II) – Adele’s laughing song
Biassy (d’ap. Bach)
Valse caressante (McMoon)
10. à 17. : autres artistes, compositeurs et orch. Divers (1937-1951)
Little Jack Horner (A. Kipnis, basse)
Sings a song of sixpence (John Charles Thomes, baryton)
The Blue Danube (Josephine Tumminia, soprano)
The little Old State of Texas (Ezio Pinza)
The Fireman’s bridge (Jeannete McDonald, sop et Robert Merrill, baryton)
The song’s Gotta Come From The Heart (Jimmy Durante et Helen Traubel)
A real piano Player (Jimmy Durante et Helen Traubel)
Please Don’t say No (Lauritz Melchior)
Naxos – 8120711 F 6 – 60’55 – novembre 2007
À quoi bon...
Voilà, réédité par Naxos, quatre ans
après la dernière sortie en CD chez le même
éditeur, l’enregistrement mythique des neuf airs
gravés par Florence Foster Jenkins sur 78 tours entre 1941 et
1944. Inutile ici de rappeler qui fut Mme Jenkins (1)
: tout amateur d’opéra, s’il n’a pas ces neuf
pièces dans sa cdthèque, en a nécessairement
entendu parler. Son parcours fut tellement original que des
pièces de théâtre lui ont même
été consacrées ces dernières années,
à Broadway et à Londres.
A quelques jours de Noël, il y a là une vraie
opportunité car si vous redoutez les déjeuners de
"famille qui se terminent toujours par des engueulades", Forum opera
vous conseille l’acquisition de ce petit CD : avec un petit
coup dans le nez, il vous permettra de terminer gaiement le repas, en
évitant les sujets qui fâchent et qui gâcheraient la
fête, comme chaque année. De ce point de vue là,
Naxos fait œuvre utile, surtout à 6 euros pièce.
C’est là la seule manière d’écouter
l’inécoutable.
Car sinon, par-delà le personnage, désormais historique,
ces neuf airs sont purement et simplement pathétiques, comme le
dit honnêtement la notice. Et là est le
problème : ce massacre en règle de la Reine de la
nuit et de Lakmé, entre autres, n’est même pas si
drôle. Que ceux qui n’ont jamais entendu Mme Jenkins ne
s’attendent pas à découvrir le graal du comique
à l’opéra et à hurler de rire ; le
risque existe qu’ils éteignent leur chaîne aussi
vite qu’ils l’auront allumée. Tout cela est mal
chanté et inaudible. Le pathétique vient de ce que, si
l’on plaçait aujourd’hui un micro dans de nombreux
leçons de chant en ville, on entendrait à peu près
la même chose : des fausses notes, l’absence totale de
technique ou de sens musical, bref, le lot commun de tout chanteur
médiocre débutant. Ce qui fait l’originalité
de Foster Jenkins… c’était sa richesse qui lui
permettait d’oser tout (2)
– comme disait Lino Ventura dans les Tontons flingueurs…-
, jusqu’à la location de Carnegie Hall pour un concert
mythique en octobre 1944 et l’enregistrement de ses performances.
Curiosité anecdotique, document historique, si l’on veut,
ces neuf airs sont complétés par huit autres morceaux de
music-hall new-yorkais et californien, enregistrés à la
même période, parfois chantés par de très
grands artistes comme Ezio Pinza ou Robert Merrill. Cela se laisse
écouter, sans plus.
Une question en forme d’espoir pour finir : quelle maison
d’édition se risquera à sortir un CD de couacs de
pros, des vrais canards, qui eux, feront immanquablement rire à
gorge déployée ? Nous nous en rappelons certains,
sans savoir s’il existe des enregistrements publiables :
Luis Lima perdant petit à petit sa voix dans l’air de
Gabriele Adorno à Vienne, sous la baguette d’Abbado ;
l’immense Piero Cappuccilli, en Posa à Salzbourg, craquant
une note piano dans le quatuor avec Eboli, Carlo et Philippe II ;
ou Rosalind Plowright s’étalant dans une Norma lyonnaise
face à Stefania Toczyska en Adalgisa… il y a de quoi en
faire des CD qui, eux, seraient cruels et drôles. Le
succès de Florence Foster Jenkins devrait donner des
idées aux éditeurs audacieux !
Jean-Philippe Thiellay
Notes
(1) Une courte biographie synthétique se trouve sur wikipedia
(2) « Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît. »
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