Vous vous destiniez plutôt à une carrière de sportif… qu’est-ce qui vous a donné envie d’être chanteur ?
C’était l’opportunité de connaître des gens de la musique, puis d’entrer au conservatoire. Ma famille était d’origine italienne, mon père chantait beaucoup en amateur, il y avait toujours de la musique à la maison. Par pur hasard, voulant payer mes études, je suis entré comme figurant à l’Opéra de Nice. De là est venue une passion absolument incroyable de la musique, du chant, de l’opéra.
Vous chantez très souvent à l’Opéra de Paris. Que pensez-vous de cette maison, sur le plan « technique » comme sur le plan artistique ?
Sur le plan technique, la Bastille est très agréable pour les chanteurs. Bien plus que pour le public d’ailleurs ! C’est une très grande salle, l’acoustique n’est pas toujours facile, mais sur le plateau, on entend toutes les harmoniques de notre voix, c’est idéal. Concernant le plan artistique, j’ai certes participé à des spectacles très controversés (Iphigénie en Tauride mise en scène par Krzysztof Warlikowski, le Simon Boccanegra de Johan Simons). Mais nous sommes des interprètes, et en tant que tels nous sommes au service de l’œuvre comme de la mise en scène. On a signé, c’est comme ça. Toujours est-il qu’il est très intéressant de changer d’univers, et tant que ça se tient, que ça me semble logique, j’accepte de me consacrer à une mise en scène iconoclaste.
Vous vous préparez au rôle de Nabucco, un grand pari pour vous, que l’on a parfois entendu dans des rôles plus graves, ces derniers temps (les 4 diables, Thoas,…)…
J’ai fait beaucoup de rôles de baryton-basse, c’est vrai, mais surtout par attachement à l’opéra français, où cette tessiture est très utilisée. J’ai déjà fait des rôles de pur baryton comme Germont, Amonasro, Chorèbe,… j’ai une voix assez longue qui me permet d’aborder tous ces répertoires. C’est vrai que Nabucco est aigu (j’ai déjà commencé les répétitions), c’est « haut central » en quelque sorte, mais comme j’ai une voix noire et assez solide, je me suis lancé ce défi. J’ai déjà plusieurs Verdi à mon répertoire, ce n’est pas un univers inconnu pour moi.
C’est un répertoire que vous privilégiez ?
Non, au départ je suis plutôt puccinien, donizettien, que verdien. Mais j’adore la musicalité et les codes musicaux de Verdi. Comme j’ai une voix assez large, je me sens très à l’aise dans ses rôles. Cela ne signifie pas que je chanterai tous les Verdi, bien sûr, mais j’aime varier les univers, bien que je sache où sont mes limites.
Quels sont vos projets, à la scène comme au disque ?
La saison prochaine, à l’Opéra de Paris, je ferai Scarpia et je reprendrai Thoas d’ Iphigénie en Tauride. Je chanterai aussi dans Un Bal Masqué en 2009, et je referai le rôle de Sharpless dans Madama Butterfly. Je ferai l’ouverture de la prochaine saison à Toulouse dans le Roi d’Ys, je vais aussi chanter dans Andrea Chenier à Nancy l’année prochaine. Le Duco d’Alba de Donizetti, qui sera donné cet été au Festival de Radio-France et Montpellier, donnera lieu à un disque… j’ai beaucoup, beaucoup de projets !
Propos recueillis par Clément TAILLIA