Le cinéaste et le mélomane, qui se déchirent si âprement sur les mérites comparés de la Tosca de Benoît Jacquot ou la grande pertinence des extraits de la Traviata qui parsèment Pretty Woman, se mettent au moins d’accord un jour par an, le 14 juillet, pour penser moins à la fête nationale qu’à l’anniversaire d’Ingmar Bergman -et l’hommage a d’autant plus de sens que c’est également au mois de juillet que s’est éteint l’immense cinéaste suédois, il y a trois ans. Si les « films d’opéra », même les plus célèbres, ne laissent pas d’ennuyer ou de désemparer les meilleures volontés du monde (y compris celle de votre serviteur), on rend les armes de bonne grâce devant « Trollflöjten » (comprenez : la Flûte Enchantée) laissée par Bergman en 1975. Certes, cette fraîcheur bon teint peut aujourd’hui faire sourire, tant elle sent le premier degré ; mais ce premier degré, justement, est si bien assumé et tellement soigné dans sa réalisation qu’il ne nous viendrait jamais à l’esprit de le taxer de « passéiste », de « simplet » ou de « ringard ». Mieux, on en reprendrait bien encore un peu ! Clément Taillia
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