C’est assez rare pour être noté : dans ses pages « Idées », le journal Le Monde, dans son édition datée dimanche 18-lundi 19 juin 2023, ou encore sur son site, donne la plume à la musique classique et plus précisément à un collectif de directrices et directeurs d’ensembles indépendants, membres de la Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés (FEVIS), qui souhaitent alerter sur leur situation. Plus précisément sur les orientations prises par le ministère de la culture et les pouvoirs publics, qui tendent principalement à soutenir l’industrie musicale d’un côté et les institutions labellisées de l’autre, menaçant de ce fait l’existence même des ensembles indépendants.
Cette tribune rappelle la contribution inestimable de ces ensembles à la diversité et à la qualité de l’offre musicale dans notre pays. Dans ces 50 dernières années ils ont produit plus de 6 000 concerts dont un millier à l’étranger sur tous les continents, contribuant ainsi au rayonnement artistique et culturel de la France. Malgré ces incontestables réussites artistiques, ces formations parviennent difficilement à l’équilibre budgétaire, faute, selon les signataires de la tribune, d’une reconnaissance suffisante de la part du ministère mais aussi des collectivités territoriales qui se replieraient sur leurs institutions labellisées et permanentes. Très clairement, la crainte est celle que ces ensembles demeurent « la variable d’ajustement de la politique culturelle de l’Etat » et, « à très court terme », qu’ils disparaissent.
Plus généralement, la tribune pose la question de la politique musicale pour notre pays ; dans un temps où l’argent public se raréfie, il devrait s’agir non pas de renforcer l’existant mais d’encourager la diversité de la production et de la création musicales en France au travers de ses ensembles indépendants.
Parmi la centaine de signataires, citons Claire Gibault, Emmanuelle Haïm, Philippe Herreweghe, Hervé Niquet, Thierry Pécou, Raphaël Pichon, Jérémie Rohrer, ou encore François-Xavier Roth.