Ruperto Chapí e Llorente est né près d’Alicante en 1851. Il devient aux côtés de Tomas Bretón et de Gerónimo Giménez l’un des principaux compositeurs de zarzuelas de la fin du XIXe siècle, ces pièces lyriques qui sont en quelque sorte l’équivalent espagnol des opéras-comiques ou des singspiel.
Ce 9 juillet 1889 est créée au théâtre Maravillas de Madrid la dernière production de Chapí, Las Hijas del Zebedeo ou les Filles du Zébédée. Il s’agit de l’œuvre phare de la saison estivale, placée sous la direction de Gerónimo Giménez, et qui rencontre d’emblée un grand succès critique et public. Pourtant, le morceau le plus populaire, qui figure dans cette œuvre, est tirée d’une autre œuvre, El país del Abanico, qui n’avait, lui, rencontré aucun succès. Il s’agit des Carceleras, autrement appelées Al pensar en el dueño de mis amores, les premiers mots de cet air de bravoure.
L’histoire de cette zarzuela comique en 2 actes, concoctée par José Estremera Cuenca, ancien juriste devenu écrivain, est celle d’un quiproquo : Polissón, tailleur et oncle de Regina, cherche un certain Felipe, qui a séduit sa sœur et suspecte qu’il est le patron de l’auberge « El Zebedeo ». Arturo, fils de Felipe, fiancé de Luisa, craint, à cause de commentaires haineux à son père, que Luisa put être la fille du Zebedeo et donc sa sœur… Mais la vérité éclatera bientôt : la fille illégitime de Felipe est en fait Regina, permettant donc à Arturo d’épouser Luisa.
Les Carceleras sont placées juste avant la fin de la partition. C’est une romance enjouée par laquelle Luisa chante son amour pour son fiancé, « pensant au maître de ses amours ».
Cet air pour mezzo soprano ou pour soprano a été interprété par toutes les grandes divas espagnoles, de Victoria de Los Angeles à Montserrat Caballé, en passant par l’irrésistible Teresa Berganza, que je vous propose ici.