La mezzo-soprano canadienne Huguette Tourangeau s’est éteinte à l’âge de 79 ans. Même si elle chanta un peu au Royaume-Uni, on ne la connait guère en Europe que par ses nombreux enregistrements aux côtés de Joan Sutherland. En 1964, repérée par Zubin Mehta alors qu’elle interprétait le rôle secondaire de Mercédès dans une Carmen qu’il dirigeait, elle est encouragée par le chef d’orchestre à se présenter au concours d’auditions du Metropolitan. Finaliste, elle participera au concert final sur la scène du Met avec la Habanera de Carmen (elle y fera ses vrais débuts en 1973 en Nicklausse, Joan Sutherland interprétant les quatre rôles féminins des Contes d’Hoffmann dans une série de représentations devenue légendaire). La même année, elle chante Cherubino des Nozze di Figaro au festival de Stratford sous la direction de Richard Bonynge. C’est à cette occasion que le mari de Dame Joan la remarque et l’invite à être la partenaire de celle-ci pour une Lakmé à Seattle. La collaboration avec le couple durera près de 20 ans, sur scène et en studio. Au contact du couple, Tourangeau expliquait avoir perfectionné sa technique de mezzo colorature lyrique. De fait, le léger vibrato de ses débuts disparait rapidement. Elle enregistra une vingtaine de disques chez Decca. A la scène, Carmen sera un de ses rôles fétiches mais son répertoire incluait Don Giovanni, Faust, Maria Stuarda, Norma, Die Fledermaus, Giulio Cesare, Rodelinda, Lucrezia Borgia, Les Contes d’Hoffmann, Orfeo ed Euridice, sans compter des interprétations plus épisodiques de Mignon , du page des Huguenots, ou encore dans Rigoletto. Le dernier enregistrement d’Huguette Tourangeau date de 1985 : le rôle d’Unulfo (et non plus de Bertarido) dans une Rodelinda de Haendel chez Decca, malheureusement trop tardive pour Sutherland. Mais son disque préféré, et sans doute le nôtre, s’intitule Arias from Forgotten Operas, sous la direction de Bonynge bien sûr, où elle chante des pages oubliées de Balfe (Ildegonda nel Carcere !), Auber (Le Cheval de Bronze), Vaccai (Giulietta e Romeo), Maillart (Les Dragons de Villars), aux côtés de compositions à peine plus connues de Bizet, Massenet, Verdi et Donizetti. Après avoir chanté publiquement jusqu’en 1980, époque où elle quitta la scène pour raisons de santé, Huguette Tourangeau se consacra à l’enseignement. L’Université Concordia lui décernera un doctorat honoris causa en 1994. En 2009, Huguette Tourangeau avait perdu son mari, Barry Thompson, qui dirigea les opéras d’Edmonton et de Vancouver, et vivait isolée.
Décès d’Huguette Tourangeau
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Brève
25 avril 2018
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