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Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault dans L’Échange
Entre Honegger (Jeanne au bûcher) et Darius Milhaud (Christophe Colomb), Paul Claudel a inspiré les grands compositeurs francophones de son temps. On oublie parfois que Tête d’Or, que Florent Schmitt aurait aimé mettre en musique, est devenu un opéra d’Henry Barraud (créé en 1985). Sous le titre Verkündigung, Walter Braunfelds a tiré en 1935 un opéra de L’Annonce faite à Marie. Mais c’est finalement assez peu, et l’on pourrait s’attendre à ce que bien d’autres s’emparent des textes de Claudel. Quel bel opéra ne pourrait-on pas tirer de Partage de midi, par exemple ? Qui transformera Le Soulier de satin en opéra-fleuve ? Qui composera une Trilogie lyrique à partir de L’Otage, du Pain dur et du Père humilié ? En attendant, et après avoir mis en musique Le Chemin de la croix de Claudel en 1999, Antoine d’Ormesson (cousin de Jean) a jeté son dévolu sur L’Echange, qui est à la fois l’une des premières pièces de Claudel et la dernière. Ecrit en 1894, alors qu’il était vice-consul aux Etats-Unis, et remanié en 1954, L’Echange ne fait intervenir que quatre protagonistes dont le dramaturge disait : « C’est moi-même qui suis tous les personnages, l’actrice, l’épouse délaissée, le jeune sauvage et le négociant calculateur« . Pour sa création en mars, l’opéra sera mis en scène par Brigitte de La Chauvinière, la Salle Gaveau accueillant pour l’occasion sa première production scénique. [Laurent Bury]
L’Echange, d’après Paul Claudel, avec Yété Queiroz, Rémy Poulakis, Ksenija Skacan et Jean-Louis Serre, Orchestre de solistes HI.14 dirigé par Sébastien BIllard, les 3, 4 et 5 mars, Salle Gaveau, 20h30