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Dans le sillage du tout récent CD Venezia, Max Emanuel Cencic a donné à la Chapelle de la Trinité à Lyon, mardi dernier, un récital placé sous le signe des opéras de la Sérénissime, avec l’ensemble Il Pomo d’Oro dirigé par Riccardo Minasi, lui-même violoniste d’un talent exceptionnel. Les musiciens jouent sur des instruments d’époque avec une belle sonorité très affirmée, une grande richesse de timbres et de coloris. Ce qui frappe chez le contre-ténor, c’est l’intériorité, la concentration extrême, l’émotion qui se déploie dans les notes tenues, les vocalises, les messe di voce. Contrastant parfois avec la fougue des musiciens, la retenue et la qualité du timbre de Max Emanuel Cencic priment sur le volume sonore, sauf à l’occasion de quelques aigus percutants. Le chanteur vit pleinement les rôles des personnages qu’il incarne, son visage en exprime les passions, il en essuie les larmes avant de saluer. On comprend qu’après un air comme « Sposa… non mi conosci » de Giacomelli, la musique seule doit prendre le relais. Les deux airs de Vivaldi, aria di vendetta et aria di tempesta, concluent avec puissance et brio un récital dont Max Emanuel Cencic semble sortir épuisé, exsangue. [Fabrice Malkani]
Concert « L’art des Castrats » à Lyon, Chapelle de la Trinité (dans le cadre du 30e Festival de musique baroque de Lyon), mardi 12 février 2013, 20h
Max Emanuel Cencic, contre-ténor – Il Pomo d’Oro, violon et direction Riccardo Minasi