En 2013, le centenaire de la naissance de Benjamin Britten sera notamment marqué par la parution chez Allen Lane d’une toute nouvelle biographie due à Paul Kildea, chef d’orchestre et spécialiste du compositeur. Celui-ci a notamment étudié les dossiers de censure concernant le livret des partitions de Britten, et on apprend ainsi qu’en 1946, The Rape of Lucretia fut créé au festival de Glyndebourne dans une version un peu expurgée. Le texte élaboré par Ronald Duncan d’après la pièce d’André Obey Le Viol de Lucrèce (1931), elle-même inspirée du poème de Shakespeare, incluait un passage quelque peu scabreux. A l’acte II, le Male Chorus aurait ainsi dû chanter : « Il lui prend la main et la place sur son glaive dégainé », suivi par le Female Chorus : « La blessant ainsi d’un désir égal, Blessure que seul son glaive peut guérir ». Ces deux vers offensèrent les responsables de la censure, qui y virent « une tentative transparente visant à dissimuler des choses laides sous de jolis mots », « à peine mieux que les obscénités de L’Amant de Lady Chatterley ». [Laurent Bury]
Paul Kildea, Benjamin Britten: A Life in the Twentieth Century, Allen Lane, à paraître en février prochain.