Dans un communiqué de presse diffusé le 4 avril, que l’on peut lire sur le site Operaclick, le désormais ex-surintendant de l’Opéra de Rome Francesco Ernani, fidèle à ce poste depuis dix ans et poussé à la démission par le maire de la ville, Gianni Alemanno, jette de l’huile sur le feu.
Selon Ernani, la décision de la ville de placer le théâtre sous tutelle est « privée de fondement juridique » – elle est contestée par les syndicats devant les tribunaux – , alors que le bilan financier, toujours équilibré depuis 2002, souffre surtout de la coupe sombre sur le FUS (Fonds unique pour le spectacle), décidée par Berlusconi. Pour l’opéra de Rome, cela a représenté une réduction en 2008 de 2,7 milliosn d’euros (sur un budget total de 56 millions). Le projet politique de la majorité de droite dure qui gouverne au Capitole, serait de réduire drastiquement les coûts fixes du théâtre, notamment par des réductions de personnel. Selon Ernani, la municipalité, en accord avec le gouvernement, voudrait « dévaster le patrimoine des valeurs que défendent le personnel du théâtre de l’Opéra », seule la présence d’équipes artistiques permanentes permettant une programmation lyrique et de ballets de qualité. Le personnel, soutenant son ancien directeur, s’est mis en grève, conduisant à supprimer Les ballets russes et le Pagliacci mis en scène par Zeffirelli. Pour Carla Fracci, directrice du ballet, Ernani a été traité de manière « ignoble ».
Quand au Maestro Muti, à qui Alemanno a confirmé avoir proposé la direction de l’opéra, il n’a pas commenté, depuis Vienne, en se contentant « d’espérer que ces difficultés trouvent vite une solution car le Théâtre de l’opéra de Rome le mérite ».
La situation est donc grave dans le monde lyrique italien, plusieurs autres théâtres ayant été placés sous tutelle (Carlo Felice de Gênes, le San Carlo à Naples et même l’Arène de Vérone, brièvement). Jean-Philippe Thiellay