Forum Opéra LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE
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5 Questions |
[ juin 2003 ] |
Rodney Gilfry Vous avez un look de quarter back, comment êtes-vous devenu chanteur
d’opéra ? C’est
un coup de chance, je suppose. L’opéra est une discipline artistique qui
devient particulièrement intéressante: l’institution culturelle qu’elle
a représenté pendant des centaines d’années est en train de se muer en véritable
concurrent du cinéma et des comédies musicales. Voilà probablement pourquoi
l’accent est mis sur le côté visuel d’une production d’opéra; le look
d’un chanteur devenant aussi important que sa voix. Je crois avoir profité
de ce mouvement. Un tramway nommé désir d’André Previn semble avoir été une
étape importante de votre carrière; que représente pour vous le rôle de
Stanley ? Avant
le tramway j’étais principalement reconnu pour mes interprétations
des rôles de Billy Budd et de Figaro dans le Barbier de Séville.
Stanley Kowalski se situe à l’opposé de Billy Budd, ce fut donc une
grande opportunité pour démontrer que j’étais capable de jouer autre
chose que les grands naïfs et les types sympathiques. Aux Etats-Unis, Stanley
est une véritable icône qui a été incarnée par les plus grands comédiens,
c’est donc une responsabilité de lui rendre justice en tant qu’acteur.
Plus concrètement, mon succès personnel dans le Tramway m’a permis
d’aborder un plus grand nombre de créations, comme par exemple le Choix
de Sophie à Londres en décembre. Vous venez de chanter à Zurich, les
Indes Galantes sous la direction de William Christie; avez-vous d’autres
projets dans le domaine de la musique ancienne ? Je
chanterai le rôle-titre du Retour d’Ulysse dans sa patrie le mois
prochain à Munich. Il s’agit d’une reprise de l’intense production de
David Alden qui avait été créée en 2001. C’est une musique vraiment
fabuleuse. Je suis toujours stupéfait de constater à quel point le langage
de Monteverdi est contemporain; il est manifeste que les êtres humains
n’ont pas beaucoup changé depuis qu'il a écrit cet opéra il y a plus de
trois cents ans. C’est une œuvre qui traître de sujets de société comme
le pouvoir, la solitude, le mariage, la fidélité, le patriotisme, la
jalousie, la violence, le sexe et la spiritualité. Sa musique est extrêmement
humaine, plus vériste que n’importe lequel des opéras véristes. Quels sont vos principaux projets pour les saisons à venir ? Je
travaille à trois créations mondiales ainsi qu’à une comédie musicale et
à plusieurs prises de rôle. J’incarnerai le rôle de Nicolas II dans Nicholas
and Alexandra, un opéra qui évoquera la fin du dernier Tsar de Russie.
Placido Domingo incarnera Raspoutine, le célèbre confident de la Tsarine.
C’est toujours une riche expérience que de créer un opéra et le fait d'aborder
ce dernier dans ma ville de résidence est un plaisir double. Je chanterai
aussi pour la première fois Rodrigo dans le Don Carlo de Verdi au
printemps à San Diego; c’est une perspective qui m’excite beaucoup dans
la mesure où je trouve que ma voix s’adapte particulièrement bien au style
de Verdi, j’espère que cette expérience m’ouvrira de nombreuses portes
dans ce répertoire. Après Don Carlo je chanterai le Doktor Faust de
Busoni à San Francisco; il s’agit d’une pièce merveilleuse tant sur le
plan musical que dramatique. C'est un rôle long et exigeant qui conviendra très
bien à ma voix. Quoi qu’il en soit, ce sera un tour de force et j’attends
ce challenge avec impatience! Saviez-vous que certains de vos fans vous baptisaient le Barihunk
(ndlr: traduction libre... barymuscle) cela vous fait-il plaisir ? C’est toujours un plaisir d’être admiré, mais je me demande parfois si ce genre d’admiration va plus loin que l’aspect strictement physique. Quoi qu’il en soit, tout le monde est libre de penser de moi ce qu’il veut, ce ne sont pas mes affaires. Très franchement, je préfère nettement être apprécié pour mon talent artistique que pour mes biceps! Camille De Rijck |
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