Décembre
2007
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5 QUESTIONS
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Hui He
(soprano)
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He Hui (Odabella / Attlia de Verdi à Busseto)
© Montacchini, Parma
Votre carrière
internationale a débuté avec le deuxième prix du
concours Operalia en septembre 2000. Que s’est-il passé
avant ?
J’ai commencé à étudier la musique à
17 ans puis j’ai complété ma formation au
conservatoire de Xi’an (la ville de Chine connue pour sa fameuse
armée de soldats en terre cuite). Curieusement, mes professeurs
étaient tous des hommes : M. Zhou Jiang Ping (basse), M.
Wang Zhen (ténor) et par la suite M. Raoyu Jian (ténor).
Ce dernier, après avoir séjourné à Milan
plus de 15 ans, parle parfaitement l’italien et, outre
l’enseignement de la langue, a pu me transmettre une technique
vocale optimale. Au conservatoire, nous disposions de tous les moyens
nécessaires pour étudier la musique classique et lyrique,
notamment une bibliothèque et une discothèque ; nous
avons même eu l’occasion de suivre certains cours en Europe.
Sur le plan international, mon activité lyrique a vraiment
débuté en 1998. J’avais alors 26 ans. Le festival
« Maggio Musicale Fiorentino » avait
été invité à Shanghai pour inaugurer avec Aida
le nouveau théâtre, l’un des plus grands de Chine,
édifié par l’architecte français
Charpentier. Là le directeur musical du « Maggio
Musicale », Cesare Mazzoni et le metteur en scène
d’Aida, Lorenzo Mariani, ont voulu sélectionner une
seconde distribution entièrement chinoise, la première
étant composée de célèbres chanteurs
italiens et internationaux. J’ai été choisie pour
le rôle d’Aida. Un américain qui avait
assisté aux représentations m’a conseillé
d’envoyer un enregistrement aux personnes en charge de
l’organisation du concours Operalia. C’est ainsi que
j’ai été invitée en septembre 2000 à
Los Angeles et que j’ai gagné le deuxième prix de
la compétition. Tous les critiques et les membres illustres du
jury ont alors parlé de cette jeune chinoise dotée
d’une voix verdienne comme on en attendait depuis des
années. En janvier 2001, j’ai donné un concert
à Shanghai aux côté de Placido Domingo. En 2002,
j’ai participé à la compétition
internationale des voix verdiennes de Busseto et j’ai
remporté le premier prix. Le président du jury
était Leyla Gencer qui m’a félicitée pour la
manière dont j’avais interprété l’air
« O Cieli azzuri » du 3e acte d’Aida.
Puccini et Verdi sont les deux seuls compositeurs de votre répertoire lyrique. Pourquoi ?
Malheureusement ce n’est pas moi qui décide mais les
directeurs de théâtre et les chefs d’orchestre.
Jusqu’à présent, on ne m’a proposé que
des grands rôles verdiens et pucciniens. Je devrais cependant
faire mes débuts dans Andrea Chenier en Italie en avril prochain. J’interprèterai Maddalena di Coigny et Daniel Oren conduira l’orchestre.
Aida et Amelia d’Un Bal Masqué
(que vous allez interpréter à Bordeaux à la fin du emblent être vos rôles verdiens favoris, ou du moins
ceux que vous avez le plus chantés. Lequel
préférez-vous ?
Je trouve le rôle d’Aida plus adapté à ma
vocalité et plus proche de ma personnalité. Avec Aida,
Verdi met en scène un personnage complet. Un Ballo in Maschera
se situe juste avant les chefs d’œuvre de la
maturité. C’est sans doute pour cela que je trouve que le
rôle d’Amelia n’est pas aussi bien exprimé,
psychologiquement parlant, que celui d’Aida. Il contient
cependant des moments d’une beauté remarquable : le
grand air au début du 2e acte puis le duo avec le ténor,
qui réclament une grande endurance et s’avèrent
particulièrement difficiles d’un point de vue technique.
L’air « Morro ma prima in grazia » au 3e
acte est aussi magnifique et encore plus difficile si on le
considère sous un angle psychologique et émotionnel.
Amelia est écartelée entre son amour pour Riccardo et son
rôle de mère et d’épouse. Elle vit les
situations avec une grande dignité et une grande pureté
intérieure. Mon interprétation cherche à mettre en
évidence de tels aspects.
Quel(s) enregistement(s)
conseilleriez-vous à quelqu’un qui veut découvrir
« Un Ballo in Maschera » ?
Les interprètes idéaux pour cet opéra sont Maria
Callas (Amelia), Beniamino Gigli (Riccardo), Renato Bruson (Renato) and
Fedora Barbieri (Ulrica)
Et d’une manière générale, quels sont vos interprètes de référence ?
De grandes émotions et de grandes leçons m’ont
été données par Maria Callas et Montserrat
Caballé. J’ai vu récemment un DVD d’Aida
enregistré aux Arènes de Vérone avec Maria Chiara
et un autre avec Leyla Gencer que j’ai trouvés très
intéressants. Et puis il y a aussi Leontyne Price qui est
splendide vocalement même si sa prononciation de l’italien
n’est pas parfaite. De toutes, j’ai appris beaucoup et je
leur en suis infiniment reconnaissante.
Christophe Rizoud
décembre 2007
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