La nouvelle est tombée comme un pavé dans la mare, la
soprano française Alexia Cousin décide de tirer un trait sur sa carrière lyrique
à seulement 26 ans. Douée d’une voix exceptionnellement large, Alexia Cousin a
connu un début de carrière au diapason de ses moyens. Très vite on la remarque
dans les plus grandes maisons, elle chante Mélisande au Grand Théâtre de Genève
aux côtés de Simon Keenlyside et de José Van Dam, Juliette ou la clef des songes
de Martinu à l’Opéra de Paris et, récemment, elle recrée le rôle de l’Aiglon (Ibert-Honegger)
à l’Opéra de Marseille. Artiste intelligente, franche et sensible, Alexia Cousin
a tenu à s’exprimer dans un bref communiqué que publie son agent :
« J'ai pris la décision de mettre un terme à ma
carrière artistique. C'est la passion et l'intégrité profonde avec lesquelles
j'ai toujours chanté qui orientent aujourd'hui ma vie vers d'autres activités.
Je remercie du fond du coeur les personnes qui, de près ou de loin, d'un côté ou
de l'autre du rideau, m'ont soutenue dans cette aventure extraordinaire; et en
particulier mon agent, Laurent Delage, en qui j'ai pu placer toute ma confiance,
et qui m'a assistée avec énergie et perspicacité en toutes circonstances ».
On a beau chercher, l'histoire de l'opéra n'est
pas généreuse en précédents. Peu de grands chanteurs du passé ont eu la
clairvoyance de mettre un terme à leur carrière alors qu'ils étaient encore en
pleine possession de leurs moyens vocaux et physiques. Dans le cas d'Alexia
Cousin, on s'interroge: s'agit-il de clairvoyance ? Le moins que l'on puisse est
que la chanteuse française n'a pas encore atteint l'âge où la voix commence à
poser problème; on a bien sûr jasé sur des prises de rôles inconsidérées,
tellement peu en accord avec les moyens d'Alexia Cousin qu'ils ne pouvaient que
blesser son instrument, à terme. Peut-être sont-ce justement ce genre de
commentaires, de spécialistes poussiéreux (dont notre rédaction est
essentiellement composée, soit dit en passant) qui seront venus à bout de
l'enthousiasme de la jeune Alexia.
Peut-être, l'artiste généreuse, enthousiaste et -
osons le dire - dramatiquement incandescente a-t-elle fini par se lasser de
remarques qui, par leur prosaïsme, auront scandalisé son bel enthousiasme, sa
volonté d'offrir autre chose que de beaux sons. Qui sommes nous pour comprendre
? On ne pourra qu'attendre de plus amples explications, d'ici là, notre seule
consolation sera de spéculer les raisons de cette décision étonnante. Des motifs
repris ci-dessus (avec infiniment de prudence), à des explications plus
exotiques -peut-être part-elle élever des babouins en Mauritanie du Sud Ouest
avec l'homme de sa vie ?- nous passerons toutes les possibilités en revue.
Pendant ce temps, Alexia Cousin sirotera sans doute sa retraite à grandes
gorgées et s'amusera - peut-être - des vagues que provoquera cette nouvelle.
Quoi qu'il en soit - présentons ça comme une
volonté d'être conciliant - la rédaction de Forum Opéra toute entière s'engage à
ne pas rigoler si jamais Alexia Cousin avait la bonne idée de revenir sur sa
décision. Au contraire, nous n'y verrions rien d'autre que de la sagesse. Allons
Alexia, reviens, on t'aime !
Camille De Rijck