Jean-Paul Davois le directeur de l’Opéra de Nantes-Angers
présente sa nouvelle saison ; celle-ci est à la fois audacieuse et
traditionnelle, c’est un beau mélange de témérité et de sagesse, de
conservatisme et d’innovation. C’est une saison assise entre deux chaises, une
saison où tout le monde en aura pour son argent. Au fond c’est une saison de
service public qui ne vexe personne et où chacun trouvera son bonheur. A Nantes
et à Angers la vie sera belle !
Mozart oblige
On n’y échappe pas et contrairement à ce que je craignais, on
ne s’en lasse pas : Mozart est omniprésent. Mais ne l’est-il pas toujours ? Le 4
octobre 2006, l’opéra de Nantes ouvrira sa saison sur un « concert
d’ouvertures » constitué de pièces du divin Wolfie. Ouvertures (évidemment),
airs (par la soprano Kareen Durand) et chœurs alterneront sous la phalange
experte d’Hervé Niquet qui dirigera l’Orchestre National des Pays-de-la-Loire.
Pour l’occasion, peut-être gardera-t-il son pantalon ? (1) D’incontournables
Nozze di Figaro mises en scène par Stephan Grögler s’installeront à Nantes
et à Angers en Novembre et en décembre. A l’affiche quelques incontournables du
chant français comme Cécile Perrin (la comtesse) et l’inusable Martine Mahé
(Marcelline) donneront la répliqué à deux grands chanteurs en devenir : David
Bizic (Figaro) et Amel Brahim-Djelloul (Susanna). Un récital reprenant
l’intégralité des mélodies de Mozart sera donné le 20 décembre par le baryton
Stephan Loges et la soprano Sophie Karthäuser.
Place au chant français
L’un des éléments
les plus appréciables de cette saison est sans nul doute
l’attention portée à deux œuvres
négligées du répertoire français : Roméo et Juliette de Berlioz sera ici défendu par le vétéran
Serge Baudo que rien n’arrête (deux concerts en octobre) et au mois de mai,
Pirame et Thisbé du duo obscur Rebel/Francoeur s’installera au Théâtre
Graslin dans une production de Mariame Clément avec Thomas Dolié, Judith van
Wanroïj et le formidable Jeffrey Thompson.
Le zeste de modernité
Même s’il est aujourd’hui l’un des piliers indestructibles du
répertoire de toute maison qui se respecte, Leos Janacek n’en est pas moins un
compositeur du vingtième siècle. Jenufa proposera l’une des prises de
rôle les plus intéressantes de cette saison vu qu’Olga Guryakova se glissera
dans la peau du rôle-titre. Brandon Jovanovich qui vient de triompher à Lille en
Werther lui donnera la réplique en Burya. Jean Bouillot signera ensuite une
nouvelle production de Golem, un opéra de John Casken dont ce sera la
création française.
Terminons par un Rigoletto sans palpitation particulière (du
moins sur papier) et par les récitals de Stephane Degout et de Karine Deshayes.
Cette saison sera certainement source de grandes réjouissances pour les abonnés
de Nantes et d’Angers.
(1) Lors d’un concert au Festival de Montpellier les
spectateurs médusés avaient eu la surprise de voir apparaître au pupitre un
Hervé Niquet sans pantalon qui s’était installé plus tard au piano pour chanter
à tue-tête « je fais caca partout ». Nul ne sait quelle lubie extraordinaire
passa ce soir là par le cerveau surchauffé du grand Maestro.
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