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Joseph Volpe - photo: Dario Acosta
Le Met perd son chef
ossia
"Zar und Zimmermann"
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Après 14 années passées à la tête du
Metropolitan Opera de New-York, Joseph Volpe a annoncé son départ à l’issue de
la saison 2005-2006.
Agé de 64 ans, Volpe a déclaré : « This is a young man job ».
Rentré à l’age de 24 ans comme simple apprenti charpentier, Volpe est un exemple
de la réussite à l’américaine. Avec un parcours laborieux toutefois : ce fils
d’un tailleur et d’une institutrice, né à Brooklyn, découvre l’opéra le marteau
à la main ; il gravit un a un tous les échelons (maître charpentier, directeur
technique puis assistant manager), se faisant remarquer par une gestion
minutieuse des budgets.
Mais le Metropolitan avait aussi hérité de l’Europe, une conception
aristocratique du management : le conseil d’administration lui préfère d’abord
Hugh Southern, un homme du sérail ; après 7 mois d’une direction catastrophique,
celui-ci est remercié et Volpe accède au poste suprême en 1990.
Souvent critiqué pour son autoritarisme, Volpe est avant tout un vrai patron,
conscient de ses responsabilités envers l’institution qu’il dirige : s’il se
débarrasse de Kathleen Battle en 1994, c’est en raison d’un comportement jugé
non professionnel ; son action vis-à-vis des syndicats est également exemplaire
: nulle crise malgré des négociations rendues âpres compte tenu des contraintes
financières.
Volpe s’est également vu attaqué sur sa programmation artistique : les
interminables séries annuelles de « Tosca » ou de « Bohême » alignant des
chanteurs de secondes catégorie (enfin, tout est relatif : certains théâtres
seraient bien contents de les avoir !) visent d’abord à remplir la caisse ;
indirectement, elles contribuent au renouvellement du public (qui a pris un
certain coup de vieux ces dernières années) et permettent le financement
d’ouvrages plus ambitieux.
Ces attaques sont d’autant plus injustes que sur les 65 nouvelles productions
créées sous Volpe, 19 concernent des ouvrages qui n’y avaient jamais été donnés.
Volpe aura ainsi redonné ou créé un nombre d’œuvres impressionnant : Rusalka,
Kabanova, Lady Macbeth de Msenk, Jenufa, Sly, Il Pirata, Cellini, La Juive,
Susannah, Giulio Cesare, I Lombardi, La Cenerentola, etc… Sans être une
préoccupation systématique, la création contemporaine n’est pas en reste : les «
Ghosts of Versailles » connurent même un succès considérable qui en justifia la
reprise. Quant aux « Lulu », « Wozzeck » et autres « Moses und Aaron », ils sont
depuis longtemps au répertoire du théâtre et donnés assez régulièrement.
On devra également à Volpe l’installation d’un système, inédit à l’époque, de
surtitrages (les « Met Titles » situés sur le sommet du siège du voisin de
devant et qui ne gênent pas les voisins de gauche et de droite).
Enfin (et surtout !), dans une institution reposant essentiellement sur le
financement privé, il aura su attiré un grand nombre de nouveaux et généreux
donateurs, dont le célèbre Alberto Vilar.
Il aura également (est-ce un bien ou un mal ?) contribué au torpillage du projet
de réaménagement de la plazza : un dôme recouvrant celle-ci devait abriter une
galerie marchande et assurer la protection contre la pluie des spectateurs ;
pour des raisons plus intéressés, il s’est également opposé à la réinstallation
du New York City Opera dans un nouveau bâtiment à proximité : le bâtiment actuel
souffrirait d’une acoustique médiocre qui lui a valu l’installation d’un système
de sonorisation ; il faut dire qu’il avait été construit pour Balanchine (et
pour le ballet prioritairement) et que celui-ci désirait que les spectateurs
n’entendent pas le bruit des pas des danseurs ; on remarquera également que,
tant que des voix du format de Beverly Sills ou de Placido Domingo
s’illustraient dans ce théâtre, personne ne s’était jamais plaint de son
acoustique).
Le départ de Volpe s’inscrit dans le cadre de nouvelles difficultés financières
(10 millions de dollars de perte ces deux dernières années, malgré des dépenses
ramenées de 200 à 193 millions de dollars) mais n’en sont pas la cause :
l’institution est malheureusement habituée à ces crises conjoncturelles.
Conséquence de cette crise, une interruption de quelques semaines, juste après
les fêtes de Noël (période traditionnellement creuse pour les spectacles) prévue
dès la saison prochaine, la saison étant rallongée d’autant au printemps après
les f 2 semaines
Interrogé sur le choix de 2006, Volpe a expliqué qu’il souhaitait lui-même
renégocier les accords syndicaux avant son départ, ceux-ci expirant à cette
date.
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