C O N C E R T S 
 
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BRUXELLES
10/10/04

© DR
Giuseppe VERDI

Aïda

Direction musicale : Kazushi Ono
Mise en scène, décors et éclairages : Robert Wilson

Costumes : Jacques Reynaud
Chef de choeur : Piers Maxim

Aïda : Norma Fantini / Michèle Crider (12, 14, 16, 20, 24, 26, 31/10)
Radamès : Marco Berti / Badri Maisuradze (12, 14, 16, 20, 24, 26, 31/10)
Amneris : Ildiko Komlosi / Marianne Cornetti (14, 24, 31/10)
Amonasro : Mark Doss / Andrzej Dobber (12, 14, 16, 20, 24, 26, 31/10)
Ramfis : Orlin Anastassov
Il Re : Guido Jentjens
Una Sacerdotessa : Michela Remor
Un Messagiero : André Grégoire

Théâtre Royal de la Monnaie

Les 10*, 12, 13, 15, 16, 19, 20, 22, 24 (m),
26, 29, 31 (m) octobre.


Coproduite par The Royal Opera House Covent Garden, l'Aïda présentée cet automne à La Monnaie est une reprise de la saison 2002-2003. Mise en scène par Robert Wilson - rien moins - et placée sous la direction musicale de Kazushi Ono, le chef maison, c'est un spectacle de très haute qualité, tant musicale que scénique, esthétique, intelligent et qui méritait certainement les treize représentations supplémentaires qu'on lui offre aujourd'hui, dans une reprise du metteur en scène Jean-Yves Courrègelongue.

Wilson, dont on connaît la rigueur toute asiatique et le goût pour l'esthétique extrême-orientale minimaliste, a composé une succession de tableaux plus beaux les uns que les autres, jouant à merveille des effets de lumières qui mettent tantôt un visage en exergue, tantôt un autre, créent des jeux d'ombres chinoises (égyptiennes ?) et colorent l'espace en fonction des différents affects du drame ; évitant tout orientalisme de pacotille - le piège absolu pour ce type d'oeuvre fin XIXe -, tendant au dépouillement le plus extrême, il évoque l'intemporalité et élève ainsi les sentiments terriblement exaltés d'une intrigue bien sombre au rang des universelles passions humaines : le patriotisme, l'amour, l'ambition, la jalousie et la haine de l'autre. Chaque personnage, figé dans ses mouvements, dans ses attitudes (nombreux profils égyptiens) comme dans ses certitudes, évolue dans ce décor de lumières comme dans une bulle hallucinée. Les regards ni les corps ne se touchent, la passion doit se lire tout entière dans les visages, et bien sûr la musique. Un tel parti-pris se paie aux moments les plus intenses du drame, lorsque l'émotion - à force de n'être que suggérée - fait parfois un peu défaut. Les costumes de Jaques Reynaud, partenaire des spectacles de Wilson depuis de nombreuses années déjà, évoquent tantôt un Orient sans âge aux portes de l'Antiquité, tantôt les années '50.

Sur le plan musical, la réussite n'est pas moindre : Ono excelle à étager les différents plans de la partition avec une précision lumineuse, favorisant ainsi l'épanouissement des voix. La distribution, très homogène, compte un des meilleurs ténors verdiens de la nouvelle génération, l'italien Marco Berti, parfait dans le rôle héroïque et exigeant de Radamès. La mezzo hongroise Ildiko Komlosi (Amneris), domine magnifiquement son rôle de mauvaise, avec un timbre extrêmement riche, une présence scénique jamais en défaut et un sens aigu du drame. Norma Fantini en Aïda souffrirait presque de la comparaison. La voix est pourtant grande et belle dans l'aigu, moins sonore dans le médium et le grave, et il se dégage de son interprétation du personnage une poésie, une émotion toute particulière. Mark Doss prête au rôle d'Amonasro, roi d'Ethiopie, un physique particulièrement bien adapté et une voix d'une grande humanité. Seuls moments un peu faibles du spectacle - et de la partition -, les ballets de Makram Hamdan ne semblent, ni dans leur conception ni dans leur réalisation, à la hauteur du reste du propos.
 
 

Claude JOTTRAND
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