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MONTPELLIER
28/07/06
© DR
Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759)
Amadigi di Gaula
Opéra en trois actes
Livret de Giacomo Rossi
D’après A. Houdar de la Motte : Amadis de Grèce
Maria Riccarda Wesseling, mezzo-soprano : Amadigi
Elena de la Merced, soprano: Oriana
Sharon Rostorf-Zamir,soprano: Melissa/ Orgando
Jordi Domènech, contre-ténor: Dardano
Martins Zvigulis, ténor
Andris Gailis, Basse
Al Ayre Español Orquestra
Eduardo lopez Banzo, direction et clavecin
Version concert
Montpellier, Opéra Comédie
Vendredi 28 juillet 2006
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L’enchanteresse Elena
Pour son dernier concert avant la soirée de clôture, le Festival de Montpellier proposait Amadigi, dixième opéra de Haendel. Créé en 1715 au King’s Theatre de Londres, après Rinaldo (1711) et Teseo
(1713), l’ouvrage remporte un vif succès auquel
contribuèrent une distribution de haut vol et une mise en
scène spectaculaire : « apparitions de
décors surgis du sol, portail de feu, tour d’ivoire,
chevaliers et dames enchantés, démons, caverne horrible,
monstres, fantômes, ballet de bergers, char descendu des
cintres… » (1)
Cette œuvre, en effet, s’inscrit dans la lignée des
opéras « merveilleux » du Caro Sassone et
conte les amours d’Amadigi et Oriana contrariées par la
magicienne Melissa, qui use de ses sortilèges maléfiques
pour conquérir Amadigi, dont elle est éprise, et par
Dardano, rival déçu du héros. Après maintes
péripéties, les amants triomphent des embûches
dressées entre eux par les
« méchants ». Alors, l’enchanteur
Orgando paraît pour leur annoncer un avenir radieux, puis, un
chœur célèbre leur bonheur avant leur duo final.
Curieusement, cet opéra est relativement peu joué de nos
jours comparativement à d’autres de la même veine.
Il a fait l’objet d’un enregistrement paru en 1991 sous le
label Erato avec Marc Minkowski à la baguette et Nathalie
Stutzmann dans le rôle-titre.
Elena de la Merced, Eduardo Lopez Banzo et Maria Riccarda Wesseling
© DR
Les
quatre rôles principaux, confiés à des voix
aigües, sont interprétés ici par une équipe
de chanteurs solide à défaut d’être
exceptionnelle.
Sharon Rostorf-Zamir sait tirer parti de sa voix de soprano encore
verte pour camper une Orianna sensible et volontaire. Si son air du
deux « Affannami, tormentami » montre ses limites
dans le registre aigu, elle a paru plus à son affaire dans les
airs de déploration, tel « S’estinto è
l’idol mio », au deuxième acte, très
émouvant.
Jordi Domènech possède des moyens prometteurs et un
timbre délicatement suave mais la voix manque par trop de
dynamique ce qui confère par moment à son chant une
certaine monotonie d’autant plus regrettable qu’il fait
montre d’une belle musicalité et d’une grande
sensibilité, notamment dans son air « Pena
Tiranna » au deux, très applaudi.
Maria Riccarda Wesseling qui fut une Iphigénie captivante à Garnier
en juin dernier, est ici confrontée à une tessiture trop
grave pour ses moyens. Voilà un rôle dans lequel on aurait
attendu hier une Horne, aujourd’hui, sans doute, une Lemieux. Si
la cantatrice suisse parvient à rendre justice aux airs
languissants (« Notte Amica ») grâce
à une ligne de chant élégante et fort bien
conduite, elle manque singulièrement d’autorité et
d’abattage dans les airs de vaillance comme
« Sussurrate, onde vezzose » au deux et
« sento la gioia » au trois.
Elena de la Merced, très convaincante en magicienne
à la fois cruelle et amoureuse, est une Oriana aux moyens
conséquents. L’aisance de ses vocalises et ses pianissimi
envoûtant sont un enchantement pour l’oreille et ont
soulevé l’enthousiasme du public, notamment dans son grand
air de bravoure avec trompettes à la fin du deuxième
acte, « Destero’ dall’empia Dite ».
Fondé en 1988 par Eduardo Lopez-Banzo, l’ensemble Al Ayre
Español Orchestra offre de chatoyantes couleurs, les vents
notamment, souvent sollicités dans cette œuvre, sous la
battue inspirée et précise de son chef.
Christian PETER
(1)
Extrait de la notice de présentation de l’ouvrage par Ivan
A. Alexandre figurant dans le programme du concert et dans le livret du
coffret Erato.
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