C O N C E R T S 
 
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PARIS
(Théâtre du Châtelet)

(Crédit Photo : Théâtre du Châtelet)
ARABELLA
Richard Strauss (1864-1949)

Comédie lyrique en trois actes 
Livret de Hugo von Hofmannsthal 
Créé le 1er juillet 1933 au Sächsisches Staatstheater de Dresde 

Direction Musicale : Christoph von Dohnanyi
Mise en scène : Peter Mussbach
Décors : Erich Wonder
Costumes : Andrea Schmidt-Futterer
Lumières : Alexander Koppelmann
Dramaturgie : Axel Bott
Maquillages : Suzanne Pisteur

Graf Waldner : Günter Missenhardt
Adélaide : Cornelia Kallisch
Arabella : Karita Mattila
Zdenka : Barbara Bonney
Mandryka : Thomas Hampson
Matteo : Hugh Smith
Graf Elemer : Endrik Wottrich
Graf Dominik : Jochen Schmekenbecher
Graf Lamoral : Nicolas Courjal
Fiakermilli : Olga Trifonova
Eine Kartenaufschlägerin : Sarah Walker
Welko : Jean-Michel Ankaoua

Philarmonia Orchestra
Choeur du Théatre du Chatelet (Chef de choeur : Josef Böck)

Coproduction Théâtre du Châtelet / 
Royal Opera House Covent Garden / Opéra de Leipzig
 

Paris, Théâtre du Châtelet : 10, 13, 16, 19, 22, 25, 28 avril

(critique de la représentation du 28 avril 2002)



Avant le levée de rideau, le directeur du Châtelet, Jean-Pierre Brossnann annonce que Mme Barbara Bonney, bien que souffrante, chantera tout de même le rôle de Zdenka. Force est de constater que cette annonce était bien inutile car Mme Bonney chanta son rôle bien, fort bien même (voire plus loin). Caprice de diva pour faire exploser ensuite l'applaudimètre ou bien démonstration fracassante que le professionnalisme l'emporte sur les virus et autre bactéries ? En tout cas, cette annonce plaça la salle dans une certaine angoisse qui dès le lever de rideau, se dissipa très vite.

L'action d'Arabella se situe dans un hôtel et une salle de bal de Vienne sous le règne de Joseph II. Dans la production de Peter Mussbach, nous sommes effectivement dans un hôtel mais dans un 20 ème siècle indéterminé. La surenchère de dorures et les escalators nous font penser à la Trump Tower tandis que les costumes mêlant branché, punk ou très classique selon les personnages rendent l'action intemporelle. Ce décor unique et cette intemporalité, décidément très à la mode pourrait lasser si Mussbach n'était pas un grand directeur d'acteurs (contrairement à un certain nombre de ses collègues). Grâce à ce travail, l'opéra de Richard Strauss moins joué que d'autres oeuvres du compositeur viennois, se révèle une superbe illustration de la valse des sentiments et de la liberté d'aimer. Preuve de cette réussite, certains chanteurs au tempérament dramatique pas forcément inné, comme Thomas Hampson ou Barbara Bonney donnent un véritable dimension à leur personnage. Certes, la scène du bal, qui se déroule également dans le hall est transformée en sorte de cocktail mondain où tous se croisent sans se voir. Cela n'est pas si choquant car l'écriture de Strauss est empruntée de beaucoup de sérieux et de mélancolie et ne nous donne jamais l'impression musicale d'être dans une fête éblouissante. Le propos reste donc cohérent, ne gène en rien la musique ni le travail des chanteurs. 

Côté chant, nous sommes véritablement à la fête. Barbara Bonney campe une Zdenka parfaitement crédible en garçon manqué mal dans sa peau. Quand à la voix, elle n'eut pas à pâtir de l'indisposition redoutée. Thomas Hampson est excellent dans sa prise de rôle. Son arrivée au premier acte et sa prestation en ours provincial est époustouflante. Après Amfortas à Bastille l'année dernière, il démontre une fois de plus qu'il est certainement l'un des meilleurs barytons de ces dernières années. Mais la triomphatrice de cette représentation est bien Karita Mattila. Sa présence scénique, son timbre chaud et sa très grande musicalité sont admirables. Le bonheur à l'état pur!

Les autres interprètes, mis à part une Fiakermilli  trop criarde sont parfaits et très bien dirigés par Christoph von Dohnanyi, qui évite les pièges parfois sirupeux de l'écriture de Strauss (une partition de Wagner fait presque "zen" à côté d'une partition du viennois). Cette lecture claire et sans maniérisme permet un grande lisibilité aux spectateurs dont certainement une grande partie découvrait cette oeuvre trop souvent considérée comme mineure par rapport au Chevalier et autre Ariadne.
 
 

Bertrand Bouffartigue
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