C O N C E R T S 
 
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AIX-EN-PROVENCE
13/07/05
© Elizabeth Carecchio
Gioacchino ROSSINI

Il Barbiere di Siviglia

Direction musicale : Daniele Gatti
Mise en scène : David Radok 
Décor et costumes : Ivan Theimer

Il Conte d'Amalviva : Luigi Petroni
Bartolo : John Del Carlo
Rosina : Camilla Tilling
Figaro : Peter Mattei
Basilio : Alex Esposito
Berta (Marcellina) : Giovanna Donadini
Fierello : Roberto Accurso

Choeur Accentus
Direction Laurence Equilbey
Orchestra du Teatro Communale di Bologna

Festival d'Aix-en-Provence, le 13 juillet 2005

C'est une production très festive du Barbier de Séville que le Festival d'Aix-en-Provence a choisi de présenter au Monastère du Grand Saint-Jean cette année. On a fait appel pour cela à l'orchestre du Teatro Communale de Bologne, des spécialistes du genre qui, sous la direction de Daniele Gatti, réussissent dès l'ouverture à rendre le côté inventif, surprenant et résolument moderne de la partition. Tout en légèreté et en nuances, l'orchestre sera d'ailleurs tout au long de la représentation le complice attentif des intentions du metteur en scène, les soulignant avec beaucoup d'humour, si ce n'est toujours avec virtuosité.

© Elizabeth Carecchio

Insistant sur le côté bouffe de l'oeuvre bien plus que sur la satire sociale du texte de Beaumarchais - mais n'est-ce pas précisément le sens que Rossini lui-même a donné au livret ? - David Radok insuffle à toute la représentation une énergie considérable, sans aucun temps mort, rebondissant à tout propos, avec souplesse et humour ; on ne s'ennuie pas une seconde, on rit beaucoup et de fort bon coeur, de nombreux détails scéniques - six danseurs viennent se mêler au choeur - donnent sans cesse quelque chose à voir. Chaque personnage est sommairement défini dès l'ouverture ; de cette caractérisation naîtront bien vite des caricatures, ne laissant guère de place à l'ambiguïté ni à la réflexion, mais remarquablement efficace sur le plan scénique. La conception scénique relève de l'esthétique de la bande dessinée autant que de celle de la comédie italienne : costumes colorés, mimiques, décors simplifiés contribuent à définir les personnages et les situations de façon univoque. La mise en scène colle au texte autant que faire se peut, parfois même avec redondance, chaque idée, presque chaque mot est souligné par un geste, sans anticipation.


© Elizabeth Carecchio

La distribution est très largement dominée par la superbe prestation de Peter Mattei (on l'avait découvert à Aix en Don Giovanni en 1998 puis en Onéguine en 2002) qui, du haut de ses presque deux mètres, campe un Figaro plus souverain que valet, juvénile, joyeux, farceur, très sûr de lui, un peu en dehors de la conception traditionnelle du rôle, remarquable de présence, occupant toute la scène et captant tous les regards. Sa prestation vocale est remarquable d'aisance, sauf peut-être dans les redoutables vocalises rossiniennes qui ne sont manifestement pas son fort et qu'il esquive avec un clin d'oeil au public : la voix est superbe et puissante, elle en impose à tous. À ses côtés, Camilla Tilling donne au personnage de Rosine beaucoup de relief et de présence : la voix est fluide et belle, la technique très sûre et elle se montre une musicienne aussi accomplie que bonne comédienne. On ne peut en dire autant, hélas, du ténor Luigi Petroni, le Comte Almaviva, dont la voix trop tendue, manquant d'homogénéité, d'aisance dans le registre aigu et de caractère dans le grave, ne nous a pas séduit. Sa prestation scénique souffre de la comparaison avec celle de Mattei, c'est peu dire, la majesté, une part de la crédibilité du personnage en pâtissent. Autre personnalité très forte, accumulant les effets comiques, le Bartolo de John Del Carlo, terriblement cocasse et parfaitement distribué contribue pour beaucoup à la cohérence du spectacle. Accordons encore une mention spéciale à Giovanna Donadini en Berta, qui donne à ce petit rôle beaucoup de caractère et de verve. Alex Esposito est un Basile assez juste mais un peu limité vocalement, surtout pour une prestation de plein air.

Le choeur Accentus, qu'on connaissait plutôt jusqu'ici dans l'oratorio, la musique ancienne ou dans le répertoire contemporain, semble s'amuser beaucoup et prend manifestement grand plaisir à se faire l'interprète des facéties du metteur en scène, tout en livrant, au plan musical, une prestation parfaite.
 
 

Claude JOTTRAND
Jusqu'au 28 juillet 2005 au Théâtre du Grand Saint Jean.
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