TRANSES NAPOLITAINES
C'est à une promenade dans l'univers
baroque que nous convie Cecilia Bartoli au travers d'un programme généreux
(2h03 !) et hors des sentiers battus.
On ne peut que se féliciter
de cette curiosité de la part d'une cantatrice qui n'aurait aucun
mal à remplir (et à séduire) une salle avec des classiques
de ce répertoire.
Vocalement, la virtuosité reste
la qualité maîtresse de Bartoli : en ce sens, l'extrait de
l'Artaserse de Riccardo Broschi, qui clôt la première partie,
est proprement confondant, tant par la vitesse et la précision des
vocalises que par l'étendue de la tessiture. Il lui vaut une ovation
justifiée.
Dans les airs lents, Bartoli séduit
moins en raison d'un timbre un peu ingrat et une voix un peu sèche.
L'absence de caractérisation
reste toujours son défaut majeur. Homme, femme, reine, soldat ou
bonniche : l'interprétation est uniforme et se limite à "content
/ pas content". Il en est de même de l'absence de coloration (qualité
belcantiste essentielle pourtant) qui, à la longue, donne une impression
dëuniformité.
Scéniquement, ce n'est pas toujours
la grande classe : dans les vocalises, on dirait une guenon en rut devant
qui on épluche une banane (si vous ne me croyez pas, jetez un úil
sur son dernier DVD : il y a des passages tout droit sortis du making-of
de "la Planète des Singes").
Enfin, on retrouve la générosité
de Cecilia au travers d'un nombre important de bis, donnés sans
se faire prier à un public enthousiaste et ravi.
Le Musiche Nove assure un accompagnement
agréable et discret.
Placido Carrerotti