......
|
NANCY
05/01/03
La Bohème
Opéra de Giaccomo PUCCINI
Direction musicale: Paolo Olmi
Mise en scène: Jean-Claude
Berutti
Décors et costumes: Rudy Sabounghi
Lumières: Laurent Castaingt
Vidéaste: Erwan Huon
Rodolfo: Kostantyn Andreyev
Schaunard: Jean-Luc Ballestra
Benoît: Antoine Normand
Mimi: Alketa Cela
Marcello: David Grousset
Colline: Pauls Putnins
Alcindoro: Jean-Philippe Marlière
Musetta: Cécile Perrin
Parpignol: Tadeusz Szczeblewsli
Un sergent des douanes: Xavier Szymczak
Un douanier: Pascal Desaux
Un vendeur ambulant: Xiao Lun Chen
Orchestre Symphonique et Lyrique
de Nancy
Choeurs de l'Opéra de Nancy
et de Lorraine
direction: Merion Powell
Choeurs des enfants de l'école
Didon Raugraff
(préparés par Patricia
Garnier)
Nancy, Opéra, 5 janvier 2003
Nouvelle production
|
C'est
avec un sentiment de déception que l'on ressort de ce spectacle.
La démarche du metteur en scène Jean-Claude Berutti est claire,
et intéressante, débarrasser l'ouvrage de tout pathos, voire
de tout larmoiement, mais le résultat ne convainc pas complètement.
En effet, il émane de cette vision dénudée et minimaliste
une réelle froideur, voire un manque cruel d'émotion.
Le décor consiste en un immense
cube, qui présente d'abord une paroi en lambris (!) symbolisant
la mansarde des quatre compagnons, puis, une fois tourné, dévoile
un escalier métallique, éclairé avec des néons
bleus jaunes ou rouges (cela n'est pas très beau, surtout lorsqu'ils
clignotent...), qui sera le cadre du deuxième acte dans le quartier
latin, et ensuite le bureau de l'octroi/auberge de la Barrière d'enfer
(avec une barrière de chemin de fer... pas très esthétique
elle non plus). Le dispositif est certes ingénieux, mais il
manque singulièrement de poésie. La direction d'acteurs n'accentue
heureusement pas la froideur du décor. Cependant, on y trouve des
incongruités (par exemple Benoît cachant sous son imperméable
des porte-jarretelles...) et le déplacement de la foule manque de
clarté dans le tableau du quartier latin (notamment l'épisode
entre Parpignol, les enfants, puis les mères de famille qui ramènent
leur progéniture à la maison).
De bonnes idées de ci-de là,
comme le grand comptoir qui barre la scène au deuxième acte,
les séquences vidéos projetées au premier acte sur
le fameux mur en lambris (une captation en direct des visages de Rodolphe
et Mimi) qui portent l'accent sur les expressions des personnages. Malgré
tout, on n'arrive pas à être ému par cette lecture.
Heureusement, le chef Paolo Olmi fait
tout son possible pour contrebalancer cette froideur scénique en
stimulant un Orchestre Symphonique et Lyrique et des choeurs en bonne forme.
Le manque d'émotion vient sans
doute aussi de certains chanteurs, notamment Alketa Cela dont la voix,
très belle, conviendrait davantage à Tosca qu'à Mimi.
Pas de fragilité, bien peu de frémissement amoureux dans
ce soprano en pleine santé. Dans sa rencontre avec Rodolphe, c'est
elle qui semble diriger les événements et on ne croit absolument
pas à sa faiblesse ni à sa maladie dans les actes III et
IV. Par contre, le jour où nous avons assisté au spectacle,
c'est Kostantyn Andreyev qui paraissait souffrant. Obligé de s'interrompre
pour tousser dans le fameux Che gelida manina quelques mesures avant
le contre-ut (qui fut malgré tout très beau), le chanteur
semblait gêné mais il a offert une belle prestation du fait
d'un organe superbe. Un jeune ténor à suivre.
Les compagnons de Rodolphe satisfont,
tant le Marcello de David Grousset que le Schaunard de Jean-Luc Ballestra.
Mais la voix de Pauls Putnins (Colline) bouge du fait d'un important vibrato.
La Musetta de Cécile Perrin
affiche une belle voix claironnante qui convient très bien au personnage.
On aura donc trouvé des satisfactions
dans ce spectacle, mais la mise en scène, quasi aseptisée,
semblait empêcher toute émotion en voulant débarrasser
l'oeuvre d'un aspect pleurnichard qui, il est vrai, caractérise
certaines productions.
Un petit détail pour terminer,
l'Opéra de Nancy devrait régler le problème des surtitrages
qui sont pratiquement illisibles car trop pâles.
Pierre-Emmanuel Lephay
|
|