les concerts de Forum Opera
Billy Budd
(16/10/01) |
Philip Langridge : Edward Fairfax Vere Gidon Saks : John Claggart Toby Spence : le novice David Wilson-Johnson : Mr Redburn Paul Whelan : Mr Flint Steven Cole : Squeak Orchestre et Choeurs de l'Opéra
National de Paris
Mise en scène : Francesca
Zambello
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L'Opéra
Bastille était bien vide ce 16 octobre pour la 18ème représentation
de Billy Budd. Les grèves de transport n'y étaient pour rien,
puisque la salle était aussi peu pleine le samedi 13. Il est quand
même dommage que les mélomanes ne se déplacent pas
pour des opéras du XXème siècle, surtout lorsqu'il
s'agit d'une des plus belles productions de l'ONP !
Le décor à la fois simplissime et hyper sophistiqué d'Alison Chitty rend tout à fait compte de l'atmosphère de ce bateau coincé entre ciel et terre, d'où personne ne peut s'échapper, et également de tous les lieux de ce bateau : dedans, dehors, en vigie, en caleÖc'est en même temps esthétique, astucieux et fonctionnel. La mise en scène de Francesca Zambello, quelquefois un brin trop démonstrative (les coups de fouets répétés aux marins au début, la posture de Billy à la vigie rappelant celle du Christ en croixÖ) est belle, intelligente, et permet une bonne compréhension des états d'âme des protagonistes, ce qui n'est pas si simple à réaliser. Les mouvements des chúurs comme des solistes sont parfaitement réglés. La distribution est tout bonnement époustouflante : en ce qui concerne les premiers rôles, bien sûr, Philip Langridge, Gidon Saks et Bo Skovus sont parfaits (après un temps de chauffage de voix pour ce dernier, un peu étouffé au début), mais aussi dans des rôles de moindre importance : Toby Spence en novice, Stéphane Degout son ami, Paul Whelan en Flint, Steven Cole en Squeak, et les autres, mais il serait trop long et fastidieux de les citer tous, sont absolument renversants. Les voix sont belles, les personnages bien interprétés, il n'y a pas un seul défaut dans cette distribution. Le seul bémol, à peine irritant, provient du rôle titre : avec son pantalon bien coupé, ses chaussures et sa ceinture en cuir, le beau Bo ressemble à une gravure de mode, ce qui ici est hors propos, et sa façon de se précipiter sur les autres protagonistes avec un grand sourire plein de dents blanches le fait paraître un peu demeuré. Je n'avais pas un tel souvenir de Rodney Gilfry lors de la création, mais peut être était-il meilleur acteur. L'orchestre, sous la direction
que nous commençons hélas à bien connaître de
Gary Bertini, joue trop fort, couvre les chanteurs, et ne sonne pas toujours
très propre.
Catherine Scholler
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