LE BONZE ET LES MECHANTS
Pour cette reprise de Butterfly, Daniela
Dessi est une Cio-Cio-San un peufatiguée, qui traverse l'oeuvre
en économisant ses forces : clairement, le souffle lui manque pour
tenir les grandes phrases lyriques pucciniennes lorsque le volume est nécessaire
pour franchir la fosse d'orchestre. L'aigu est limité : le contre
ut à l'unisson du premier acte est fort opportunément écourté
par un violent baisé de Pinkerton (cette scène provoqua les
hués de Licia Albanese lors de la création de cette production
!).
Sans être indigne, la caractérisation
dramatique souffre de la comparaison avec une avalanche de devancières,
largement plus investies : on compatit mais on ne pleure pas.
Vocalement, Fabio Armiliato à
du mal à convaincre dans un rôle trop central pour ses possibilités
: il se rattrape en dispensant quelques beaux aigus, clairs et puissants.
La caractérisation du personnage est efficace : yankee tête-à-claques
au premier acte, dépassé par les conséquences de ses
actes au troisième.
Le rôle de Sharpless n'attire
habituellement pas l'attention : William Shimell y est proprement exceptionnel,
attirant l'attention même lorsqu'il ne chante pas. De tous les personnages,
c'est celui dont l'émotion paraît la plus sincère et
la plus profonde.
L'ensemble des autres interprètes
n'appelle pas de réserve, dans le fil du professionnalisme habituel
de la maison.
A la baguette, Marco Armiliato, frère
de Fabio, essaie surtout d'accompagner ses chanteurs.
Côté production, difficile
de faire plus classique : pavillon japonais, murs coulissants, petite rivière
(oui ! oui ! avec de la "vraie" eau !), cerisiers en fleurs ... un simple
cadre, joli mais sans génie.
Placido Carrerotti