C O N C E R T S 
 
...
[ Sommaire de la rubrique ] [ Index par genre ]
 
......
COLMAR
(Théâtre Municipal)
La Cecchina
ossia la buona figliola

Drama giocoso en trois actes de Nicollo PICCINNI

Livret de Carlo GOLDONI, d'après la pièce Pamela

Avec la promotion 2001/2002 des Jeunes voix du Rhin:
La Marquise Lucinda : Julia Vera KAMENIK
Le Chevalier Armindoro : Carole LOUIS
La Cecchina, jardinière : Natalia ATAMANTSCHUK
Sandrina, servante : Patricia ROACH
Paoluccia, femme de chambre : Katri PAUKKUNEN 
Le Marquis de la Conchiglia : Daniel OHLMANN
Tagliaferro, soldat Allemand : Pawel LAWRESZUK
Mengotto, valet :Gerardo GARCIACANO
et les Clowns : Catrina MORRISSON et Gilles OSTROWSKY

Musiciens de l'orchestre du conservatoire national de région de Strasbourg

Colmar, théâtre municipal, le 18 mai 2002



Présentation officielle à Colmar du spectacle de fin de session pour la promotion 2001/2002 des "Jeunes voix du Rhin", centre de formation lyrique de l'Opéra National du Rhin.
Pour l'occasion a été choisi un opéra rarement joué de nos jours : "La Cecchina" de Niccolo PICCINI, musique italienne prémozartienne, au sujet proche de "La Finta Giardiniera". Dans cette oeuvre à la fois drôle, touchante et amusante, chaque chanteur pouvait y interpréter un rôle quasi "sur-mesure" en fonction de sa tessiture et de ses possibilités. 

Cinq jeunes femmes sur le plateau : le rôle-titre est interprété par Natalia ATAMANTSCHUK, soprano lumineuse qui a démontré par sa prestation d'excellentes qualités vocales, autant dans les scènes élégiaques que celles d'amour ou de tristesse. Cette voix alliée à un physique et un jeu scénique agréables pourraient promettre un fort bel avenir.
Les mezzos Patricia ROACH et Katri PAUKKUNEN ont trouvé un matériau d'excellence dans les rôles des deux servantes cabotines et médisantes. 
Quelques difficultés pour la soprano Carole LOUIS dans le rôle travesti du Chevalier Armindoro : aigus difficiles, vocalises savonnées mais belle présence malgré de nombreuses tensions corporelles visibles durant la représentation. 
Enfin, en incarnant son amante, la soprano Julia Vera KAMENIK a pu briller  : autant dans son air de colère du premier acte, que dans ceux plus intérieurs qui suivront, la jeune femme a fait part d'une interprétation vocale sans failles. D'origine Viennoise, peut-être pourra-t-elle dans le futur intégrer la fameuse troupe de cette ville?

Du côté masculin, Daniel OHLMANN campait le marquis amoureux de la cecchina. Beau ténorino au joli timbre mais n'ayant sans doute pas encore atteint sa pleine maturité, ce qui s'est surtout ressenti dans des aigus et des vocalises trop fragiles.
Voix plus mures et déjà bien affirmées pour le baryton Gerardo GARCIACANO et la basse Pawel LAWRESZUK, même s'ils sont restés un peu trop sages durant cette soirée.

Ce bel effectif vocal était accompagné  par les musiciens de l'orchestre du conservatoire national de région de Strasbourg : trop souvent un manque d'ensemble ou de justesse s'est fait entendre dans la fosse, mais le jeune chef Leslie DALA a bien su donner vie à l'oeuvre, surtout grâce un claveciniste compétent et virtuose qui compensait les défaillances des cuivres et des ensembles de cordes.

Excellente mise en scène de Matthew JOCELYN, l'actuel directeur de l'atelier du Rhin (Art dramatique), à qui l'on doit notamment cette saison une remarquable "Annonce faite à Marie " de Paul CLAUDEL. Il a su faire évoluer intelligemment les personnages, dévoiler leur facettes et faire affronter maîtres et valets ici mêlés sur un terrain d'égalité.
Il est épaulé par le sobre et lumineux décor d'Alain LAGARDE : quelques marches, interrompues par des boîtes en bois d'où surgissent les chaises d'intérieur du palais et les interprètes, agrémenté de simples photos végétales sur des panneaux translucides représentant selon leur position le jardin, un bois ou la vue des fenêtres du château.
Joli clin d'oeil au librettiste Carlo GOLDONI par la présence de deux clowns issus de la "Commedia dell'arte"  entre les actes mais qui ont pu surprendre au sein du drame amoureux de l'opéra.
C'est la deuxième fois cette saison que l'Opéra National du Rhin fait appel à un homme de théâtre, après l'extraordinaire Elektra de Stéphane BRAUNSCHWEIG. Ils semblent réaliser des productions sérieuses et abouties et travailler avec une équipe gagnante où sont associés les interprètes : un exemple à suivre pour d'autres grandes maisons d'opéra ?

Voilà donc une belle soirée, équilibrée à tous points de vue comme l'Opéra National du Rhin en a l'habitude depuis quelques années. Espérons que le départ annoncé de l'actuel directeur Rudolf BERGER la saison prochaine n'entamera pas une certaine qualité et solidité enfin atteintes.
 
 

Jean-Bernard Havé
[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]