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09/12/02
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ossia La Bontà in trionfo Melodramma giocoso en deux
actes
Don Ramiro : Juan Diego Flórez
Orchestre et Choeurs de
l'Opéra National de Paris
Mise en scène : Jérôme
Savary
Palais Garnier, lundi 9 décembre 2002
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Pour ces fêtes de fin d'année, l'Opéra National de Paris propose une reprise de sa production de La Cenerentola dans la mise en scène de Jérôme Savary : les dilettanti apprécieront diversement. Il s'agissait lundi soir de la 20ème représentation dans cette mise en scène, et les gags de Savary font toujours leur petit effet sur un public somme toute assez facile : le fauteuil piégé du baron, les turpitudes des deux soeurs, les chutes à répétition... Pas de doute, nous assistons bien à un opéra buffa (La Cenerentola est considéré comme l'adieu de Rossini au genre). Le clin d'oeil à Théophile Gautier, qui se désolait naïvement que l'on substitue un "stupide bracelet" à la pantoufle, quand Angelina, vite rappelée à l'ordre par Alidoro, présente son pied au Prince, ou encore la présence d'une superbe citrouille, allusion à cette Cendrillon malgré tout dominante dans notre imaginaire collectif, celle de Perrault, font toujours mouche. Intéressant également, le traitement scénique de l'air d'Alidoro : le philosophe s'élève, éclairé à la poursuite, à la manière d'une Reine de la Nuit wilsonienne ; la magie peut alors opérer et transformer Cendrillon pour le bal à la Cour. En revanche, la chute de Don Magnifico et de son lit, au beau milieu du Miei rampolli femminini, ainsi interrompu par des bruitages enregistrés aussi désagréables qu'inutiles, est d'un effet plus qu'irritant ! Passons sur les ballets, en particulier celui de l'orage au II, dont la chorégraphie est d'une nullité atterrante. Jérôme Savary, venu saluer au rideau final, essuiera quelques huées. Dans la fosse, Carlo Rizzi
dirige plutôt bien un orchestre aux belles sonorités (très
beaux cuivres), malgré quelques tempi un peu aléatoires,
et une fâcheuse tendance à parfois couvrir les voix.
Quant aux solistes, c'est
un ravissement avec les principaux protagonistes, en particulier le Don
Ramiro de Juan Diego Flórez. Le jeune péruvien, 30 ans en
janvier, au faîte de sa carrière, est aujourd'hui unanimement
reconnu comme le meilleur ténor belcantiste du circuit. Rossinien
émérite, il a captivé son auditoire en exécutant
un Si, ritrovarla io giuro somptueux. Tout y est : la projection,
la longueur du souffle, la précision des vocalises, l'aigu percutant,
une musicalité exemplaire, et des nuances à faire fondre
les plus rétifs dans la deuxième section de l'air... Le bonheur
!
Soirée plutôt
réussie donc, grâce à un plateau vocal de grande qualité,
que l'on aimerait maintenant retrouver dans une nouvelle production.
Guillaume Rouvery |
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