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NICE
25/12/03

Vincent Monteil (direction)
Johann STRAUSS (1825-1899)

LA CHAUVE-SOURIS

Opérette en 3 actes
Livret de Karl Haffner et Richard Genée
díaprès Le réveillon de Henri Meilhac et Ludovic Halévy

Version française

Direction musicale : Vincent Monteil
Mise en scène : Sylvie Laligne
Chorégraphie : Eleonora Gori
Décors - Costumes : Opéra de Nice
Éclairages : Jaques Chatelet

Orchestre Philharmonique de Nice
Choeurs et Ballet de l'Opéra de Nice

Gilles San Juan : Gaillardin
Bernard Imbert : Tourillon
Jean-Luc Ballestra : Duparquet
Florian Laconi : Alfred
Danielle Streiff : Caroline
Marina Prudenskaja : Prince Orlovsky
Gisèle Blanchard : Arlette
Christian Asse : Léopold

Opéra de Nice
25 décembre 2003



A Nice, l'opérette est à la fête ! Toutefois, avouons bien bas pour commencer que La Chauve-Souris a la réputation de porter malheur aux metteurs en scène qui, s'éloignant du type viennois, cherchent des solutions scéniques à ses faiblesses et contradictions.

Sylvie Laligne a pourtant réussi tant bien que mal un compromis acceptable de l'impossible version française du livret d'Haffner et Genée et n'a pas choisi de donner à l'oeuvre une vision critique et distanciée. Si La Chauve-Souris hante bien tous les rêves, le champagne et les quiproquos enchaînés servent d'abord à faire tomber les masques. Malgré un premier acte lent et soporifique (comme si tous cherchaient leurs marques dans des costumes et un joli décor fonctionnel et passe-partout qui auraient pu convenir à Arabella ou Traviata) qui laissait craindre le pire - dans le style Feydeau et non plus dans le style de Meilhac et Halevy et surtout Offenbach -, les choses ont vraiment démarré en deuxième partie où l'admirable rage de vivre de l'air du champagne a pris un poids insoupçonné.

Dans ce ballet perpétuel, la danse proprement dite enchaîne sans hiatus avec le jeu d'acteur. Mention au jeu époustouflant de Christian Asse dans un Léopold-Géôlier bourré comme d'habitude, mais plein de tendresse... qui dérida les plus réfractaires.

Confier l'ouvrage le plus difficile car le plus connu de Johann Strauss à la défunte troupe de l'Opéra de Nice était risqué. Troupe par ailleurs aux excellentes individualités qui a permis à Gilles San Juan de se tailler un joli succès dans le rôle du mari volage. Voix très Mariano ou Boccelli (mais dans le bon sens du terme et le personnage s'en accommode fort bien), don scénique incontestable.

La boniche Arlette, au chic roublard et à la vocalisation désinvolte, d'un abattage presque rossinien, trouve en la sympathique Gisèle Blanchard une interprète d'exception. Jean-Luc Ballestra (Duparquet), allie panache vocal et élégance scénique. Sans aucun doute la plus belle voix du plateau. Digne réplique de Bernard Imbert en Gouverneur de prison. C'est avec impatience que nous attendons sa mise en scène de l'Italienne à Alger l'an prochain. Archétype du ténor d'opéra, l'Alfred de Florian Laconi, joue si bien ce pastiche qu'on ne sait pas s'il se caricature lui-même.

Artiste invitée, Danielle Streiff, n'a pas bien sûr la voix de Rosalinde, pardon Caroline ! ou du moins celle que l'on y espérait... Médium sourd, aigus vrillés...L'artiste chante néanmoins sa Csardas avec une émotion qui sonne juste et sans exagération superficielle. Marina Prudenskaja fait ses débuts en France et restera pour beaucoup une révélation. Languide, blasé et plus russe que nature, cet Orlovsky emporte l'adhésion la plus totale.

Satisfecit global pour le reste de la troupe, ballet et choeurs. Au pupitre, Vincent Monteil donna aux valses la légèreté d'une crème chantilly et à la partition un vertige réjouissant.
 
 

Christian COLOMBEAU
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