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PARIS
23/11/2006
© DR
SAISON MUSICALE 2006-2007 DU MUSEE DE L’ARMÉE
EN L’HÔTEL NATIONAL DES INVALIDES
A l’occasion du Tricentenaire de la remise officielle
des clés de l’Eglise Royale par l’architecte Jules-Hardouin Mansart
au souverain fondateur Louis XIV le 28 août 1706.
Avec le soutien de la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et
des Archives du Ministère de la Défense, la participation
de L’Institut Musical de Vendée, et l’Association
« Bienvenue en France ».
PROGRAMME :
Jean-Baptiste LULLY (1632 - 1687)
Amadis (1683)
Tragédie en Musique sur un livret de Quinault
(extraits)
Françoise MASSET, dessus : Corisande, Oriane, Urgande
François-Nicolas GELOT, haute-contre : Amadis
Bernard CHUBERRE, basse-taille : Arcalaüs, Alquif
Michel-Richard DELALANDE (1657-1726)
Te Deum
(version de 1706 pour l’inauguration des Invalides)
Françoise MASSET, dessus
François-Nicolas GESLOT, haute-contre
Thomas van ESSEN, taille
Bertrand CHUBERRE, basse-taille
La SIMPHONIE ET LE CHŒUR DU MARAIS
Le Chœur d’Enfants de l’Institut Musical de Vendée
(Direction Odile AMOSSÉ)
Direction Hugo REYNE
Jeudi 23 novembre 2006
Cathédrale Saint-Louis des Invalides
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SPLENDEURS ROYALES
Il y avait foule ce soir-là en la Cathédrale Saint-Louis
des Invalides, pour cette commémoration placée sous le
signe du Roi Soleil. Un public à la fois prestigieux et
mélangé, où se côtoyaient
généraux, évêques, notables et simples
spectateurs, tous venus pour écouter et contempler les
splendeurs de la royauté.
Et il est vrai que c’est à un voyage dans le temps que
nous conviait le Département Musical du Musée de
l’Armée, rien moins qu’un retour en
arrière de trois siècles…..
Depuis sa fondation en 1987 – près de vingt ans
déjà – on connaît bien « La
Simphonie du Marais » dirigée par Hugo Reyne,
même si cet ensemble de qualité, implanté, il est
vrai, à la Chabotterie en Vendée, et donc loin des
cercles convenus de la Capitale, n’a pas forcément
bénéficié de la médiatisation parfois
excessive qu’ont connu d’autres formations. Il
n’empêche que le travail mené depuis toutes ces
années et consacré au patrimoine musical des
XVIIème et XVIIIème siècles, et plus
particulièrement à la musique française de Lully
à Rameau, a fini par porter ses fruits pour aboutir
à un niveau d’excellence rare. (*)
On connaît bien aussi la merveilleuse Françoise Masset et
l’éclectisme qui la pousse à explorer les
styles musicaux les plus divers, du baroque à la musique
contemporaine, en passant par les chansons de Joseph Kosma.
Assurément, on tenait là les ingrédients
nécessaires à une soirée réussie, et
celle-là le fut, au-delà de toute attente.
Amadis, tragédie en musique composée en 1683, ne put
être créée à la cour en raison de la mort de
la Reine, survenue le 30 juillet ; la première eut lieu
à Paris le 18 janvier 1684, dans les décors de Jean
Bérain.
Elle appartient à la tradition des opéras « de
magie » auxquels se réfèrent d’autres
chefs d’œuvres, comme Orlando Furioso de Vivaldi et Alcina
de Haendel. On y voit les déboires d’un preux chevalier,
Amadis de Gaule, avec de puissants magiciens, Alquif, Urgande et
Arcalaüs, qui ont juré sa perte. Mais, comme toujours,
l’Amour triomphera et Amadis pourra s’unir à la
princesse Oriane, son amante.
Les extraits choisis par Hugo Reyne figurent parmi les plus
poignants : colère d’Arcalaüs, nostalgie
d’Amadis, plainte d’Oriane, et également le prologue
qui est à la gloire du Chevalier, mais aussi de Louis XIV,
puisque ces pages rendent hommage à l’art de faire
la guerre et de gouverner. Cette partie se termine par le tournoi qui
ponctue l’acte I et à la fin duquel les combattants
déposent leurs armes aux pieds d’Oriane.
« Cette évocation de la chevalerie nous a
semblé tout à fait appropriée pour
célébrer le tricentenaire des Invalides »
précise Hugo Reyne.
Le résultat est somptueux et François-Nicolas Geslot, en
Amadis, est une véritable révélation :
beauté du timbre, du phrasé, de l’expression.
Françoise Masset, qui alterne les trois rôles
féminins, est comme toujours magnifique. Bertrand Chuberre
est excellent dans les deux rôles de magicien, même si son
timbre devient parfois un peu sourd dans le grave, mais la nef immense
de la Cathédrale ne rend pas les choses aisées.
Les chœurs et l’orchestre sonnent superbement, les cordes
et les vents sont fruités et ronds, quasiment voluptueux,
les percussions, grandioses et rendent pleinement justice à
cette musique écrite pour les divertissements royaux.
On retrouvera les mêmes vertus pour le Te Deum
de Delalande, un des Motets les plus joués de son vivant,
qu’Hugo Reyne a choisi de nous faire entendre dans la version
copiée par Philidor en 1706, probablement celle qui fut
donnée pour l’inauguration. Sa majestueuse symphonie avec
percussions et trompettes a été également
utilisée pour la Symphonie pour les soupers du Roy et les pages
les plus saisissantes sont les mouvements pour chœurs et
orchestre, qui résonnent avec panache et solennité dans
ce lieu chargé d’histoire et de grandeur.
Immense succès, on s’en doute, pour tous les acteurs de
cette belle soirée qui nous ont transportés vers les
sommets d’un bonheur à la fois spirituel et terrestre.
Juliette BUCH
Note
(*) Amadis est paru en Octobre dernier chez Accord Universal.
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