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11/02/04
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COSI FAN TUTTE Direction musicale : Walter Weller
Fiordiligi : Darina Takova
Nouvelle production
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Qui ne connaît le Così fan tutte de Mozart, cet immortel chef-d'oeuvre de noir marivaudage où, sous la frivolité et la légèreté, se cachent l'amour et ses débordements, la simple vie dans ses vertigineuses interrogations ? Opéra d'écervelés aussi, car les protagonistes, dans un Jeu de l'Amour et du Hasard d'une cruauté infinie, découvrent qu'en ces domaines rien n'est jamais acquis ni définitif et que les principes ne servent à rien. Difficile aussi de trouver le ton de
Così
fan tutte : leçon de morale ? sensualité mélancolique
de l'âme ? farce ? jansénisme exacerbé ? Peut-être
un savant dosage de tout cela et un embarras insigne dans les équilibres
à dessiner.
La mise en scène de John Cox oscille entre le grave et la farce en de délicats tons nuancés. Clin d'oeil à la Riviera, toute l'action se passe dans un luxueux palace d'une Belle Époque qui jette ses derniers feux avant l'embrasement final de la Guerre de 14. Ici, on se dispute comme dans une partie d'échecs, mais tous trouveront une victoire à la Pyrrhus ! On l'a dit : l'Histoire va encore une fois rattraper et séparer les protagonistes et laisser au spectateur comme un goût de cendre dans la bouche. Mise en abîme donc des sentiments dans un chassé-croisé moderne (on pense souvent à Pirandello ou à certaines comédies italiennes) sans lequel Così ne serait pas Così... Élégance, grâce,
sourire, esprit, aplomb vocal caractérisent la fort belle distribution
internationale réunie pour l'occasion par le Directeur John Mordler.
Chez les dames, Nuccia Focile ne force jamais le trait en soubrette Quatre Étoiles. Quelle personnalité, quel punch ! Élégance du phrasé chez la Fiordiligi de Darina Takova. Son Come Scoglio est abordé comme une page de grand belcanto et joue autant du sourire que de la mélancolie. La Dorabella de Laura Polverelli emporte l'adhésion la plus complète. Beauté et fraîcheur du timbre, probité musicale et vocale rares, tempérament exceptionnel, poésie profonde dans la conception de son personnage de péronnelle délurée. Au pupitre, Walter Weller, à
la tête de l'Orchestre Philarmonique et des Choeurs de Monte Carlo,
fait l'effet d'une bombe. Du sang, du relief pour un Così
animé, raffiné et théâtral. La partition la
plus aérienne, la plus spirituelle du génie salzbourgeois
pouvait dès lors retrouver ses lettres de noblesse.
Christian COLOMBEAU
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