C O N C E R T S 
 
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ORANGE
02/08/04

Natalie Dessay
Récital Natalie DESSAY

Orchestre national de Bordeaux-Aquitaine
Direction : Stéphane Denève

Berlioz, ouverture du Carnaval romain

Gounod, Roméo et Juliette
Valse de Juliette : "Je veux vivre"

Massenet, Manon
Air du Cours-la-Reine et Gavotte : 
"Je marche sur tous les chemins...
Obéissons quand leur voix appelle"

Bizet, L'Arlésienne, suite d'orchestre

Thomas, Hamlet
Air de la folie d'Ophélie : "A vos jeux, mes amis"

Ravel, Daphnis et Chloé

Bellini, La Somnambule
Air d'Amina : "Oh ! se una volta sola... Ah ! non credea mirarti"

Bizet, Carmen
Prélude du 3e acte

Donizetti, Lucia di Lammermoor
Scène de la folie : "Il dolce suono... Ardon gli incensi... Spargi d'amaro pianto"

Bis :

Puccini, La Bohème
Valse de Musette : "Quando me'n vo'"

Bellini, La Somnambule
Air final : "Ah ! non giunge"

Delibes, Lakmé
"Tu m'as donné le plus doux rêve"

Chorégies d'Orange
Concert lyrique
Théâtre antique, 2 août 2004



Pieds nus, vêtue d'un paréo rouge vif, les cheveux retenus par un bandeau, c'est une très estivale Natalie Dessay qui, entre deux répétitions de La Somnambule à Santa Fé, a fait son apparition sur la scène du théâtre antique d'Orange. Au programme de ce concert, des portraits d'héroïnes qui, chacune à sa façon, chantent la nostalgie du bonheur perdu - peut-être le sentiment dont la cantatrice sait le mieux nous parler...

Un soprano léger dans un théâtre antique de 9000 places : l'adéquation du profil vocal au lieu ne va pas a priori de soi... pour qui ne connaît pas Dessay. La voix, d'une homogénéité aujourd'hui parfaite du grave au suraigu, limpide, irisée et opalescente, a encore gagné en projection et emplit sans effort la vaste conque. Entendre ce ruban de velours vocal s'élever dans les airs devant le décor austère et grandiose du célèbre mur fut une expérience esthétique inoubliable, et tant pis si le ciel ce soir-là n'était pas aussi étoilé qu'on l'aurait souhaité ! L'orchestre étant demeuré dans la fosse, l'artiste disposait de la totalité du plateau pour donner vie à ses personnages : comme on s'en doute, le théâtre n'était pas en reste.

L'extrême musicalité d'un chant infiniment nuancé, la sensibilité à fleur de lèvres, l'agilité supérieure et toujours expressive ne sont plus des surprises. Dans les rôles lyriques légers du 19e siècle français, Dessay confirme, après son récent récital au disque, qu'elle est aujourd'hui sans rivale ; si la chanteuse n'a plus rien à prouver dans Ophélie, on ne se fait guère de souci sur sa capacité à gérer les tessitures plus centrales de Manon (tout dernièrement abordée à Genève) et Juliette (une prise de rôle prévue au Met en 2006). Mais la soprano française se révèle tout aussi juste stylistiquement dans les airs de bel canto romantique italien, avec un art du mot dans les récitatifs et une poésie du phrasé dans les cantilènes qui ont hypnotisé le public. Poignante dans La Somnambule (ouvrage dans lequel elle a fait délirer le public de la Scala en 2001, comme une presse française parfois un peu partiale ne l'a peut-être pas assez dit...), elle convainc pleinement dans la scène de la folie de Lucia, rôle dont elle peut aujourd'hui assumer le dramatisme et au profit duquel on espère la voir renoncer définitivement à la fade Lucie française. En bis, une délicieuse et subtile valse de Musette (sauf erreur, la première incursion de Dessay dans l'univers de Puccini...), une flamboyante cabalette d'Amina et une ineffable mort de Lakmé.

Des sonorités plus homogènes que celles de l'Orchestre national de Bordeaux-Aquitaine auraient été bienvenues pour un tel événement, mais la phalange, sous la baguette précise et engagée de Stéphane Denève, remplit plus que correctement sa tâche, et se taille même un beau succès dans Le carnaval romain, L'Arlésienne et Daphnis et Chloé.
 
 

Geoffroy BERTRAN
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