C O N C E R T S 
 
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PARIS
07/07/05
© DR 
Natalie Dessay

Orchestre National de France
Direction : Evelino Pido'

Giuseppe Verdi :
I Vespri siciliani : ouverture
Bolero d'Elena "Mercè dilette amiche"

Vincenzo Bellini :
Norma : ouverture

I Capuleti e i Montecchi
Air de Giulietta "Eccomi in lieta veste"

La Sonnambula : 
Air et cabalette d'Amina "Oh! Se una volta",
"Ah ! non credea mirarti",
"Ah ! non giunge uman pensiero"

Gioachino Rossini :
Guillaume Tell : ouverture

Gaetano Donizetti :
Lucia di Lammermoor :
Air et cabalette "Ancor non giunse",
"Regnava nel silenzio",
"Quando rapito in estasi"
(avec la participation de Christine Schweitzer, soprano)

Roberto Devereux : ouverture

Lucia di Lammermoor :
Scène de la folie "Il dolce suono "
(avec la participation de Sascha Reckert à l'harmonica de verres)

En bis :
Vincenzo Bellini :
La Sonnambula :
Air et Cabalette d'Amina "Come per me sereno",
"Sovra il sen la man mi posa"

Giacomo Puccini :
La Bohème : Air de Musetta "Quando me'n vo'"

Les Grandes Voix (Céleste productions)

Théâtre des Champs-Élysées
Jeudi 7 juillet 2005 à 20h

L'éternel retour...

Initialement programmé en avril, ce récital devait consacrer le retour à la scène de Natalie Dessay après une longue convalescence (en juillet 2003 déjà, elle avait choisi le Théâtre des Champs-Élysées pour faire sa rentrée parisienne, après sa première intervention aux cordes vocales). Entre-temps, les échos on ne peut plus favorables de son concert à Montréal en mai dernier et de son doublet Gabriel/Eve dans la Création de Haydn au festival de Saint Denis en juin, laissaient présager une grande soirée.

Rayonnante, dans une robe rouge très estivale, Natalie Dessay nous a proposé un programme consacré au premier romantisme italien, à l'exception de l'extrait des Vespri siciliani de Verdi qui ouvre le récital. Un choix pour le moins inattendu s'agissant d'un rôle qui n'est pas dans les cordes de la cantatrice. L'eût-elle chanté dans l'original français, cela aurait donné quelque intérêt à l'entreprise car, si Dessay possède toutes les notes du boléro d'Elena, on a coutume d'entendre ici une voix plus corsée et le trac légendaire de la chanteuse nous a valu quelques attaques imprécises et une vocalisation par moment laborieuse.

Passé l'écueil du premier air, la suite du récital nous révèle une Natalie Dessay transfigurée dans des pages bien mieux adaptées à ses moyens actuels. Le medium, qui a conservé toute sa rondeur et sa séduction immédiate, s'est élargi et la cantatrice dispose désormais d'un grave plus étoffé, tandis que l'aigu n'a rien perdu de son insolence, comme en témoigne l'air de Giuletta extrait des Capuleti dont elle donne une interprétation infiniment plus aboutie, tant vocalement que dramatiquement, qu'en 2003 sur cette même scène.

La première partie se conclut avec une héroïne que Natalie connaît bien pour l'avoir déjà fréquentée à maintes reprises (Lausanne, Vienne, Milan) : Amina est désormais tout à fait dans ses cordes et elle lui apporte toute la fragilité et la délicatesse qu'il convient, soutenue par une maîtrise du souffle superlative et d'infinies nuances. Notons que la scène est chantée dans son intégralité : récitatif, aria et cabalette doublée avec au second couplet les variations qui s'imposent. Ce sera également le cas pour les extraits de Donizetti : le fait est assez rare pour être signalé.

Nul doute que Lucia di Lammermoor ne laisse de fasciner Natalie Dessay qui lui consacre toute la seconde partie du concert. Elle avait déjà interprété la version française de l'ouvrage à Lyon et l'avait enregistré aux côtés de Roberto Alagna (EMI). C'est la version italienne qu'elle propose ce soir avec les deux grandes scènes de ce personnage qu'elle a désormais fait sien et qu'elle campe avec une assurance, un art du clair-obscur, une sensibilité et une perfection technique qui laisse le public pantois.
 
Dans l'air de la folie, la flûte a été remplacée par un harmonica de verre selon le voeu du compositeur (1). Cet instrument aux sonorités étranges, quasi irréelles, confère un plus grand mystère à cette scène qui est véritablement le clou de la soirée. Le public, du reste, ne s'y trompe pas qui réserve à la cantatrice dès la fin de l'air une ovation debout aussi spontanée que méritée.

Au pupitre, Evelino Pido' se révèle un partenaire idéal. Très attentif à son interprète, il lui concocte un tissus orchestral de tout premier ordre, veillant à ne jamais la couvrir. 
Comme le veut la tradition, dans ce genre de récital, quelques ouvertures d'opéras s'intercalent entre les airs. Si le choix de Pido' ne brille pas par son originalité, il n'en demeure pas moins pertinent. Secondé par un Orchestre National en grande forme, sa direction souple et nerveuse, qui n'évite cependant pas certaines brutalités dans les tutti, nous vaut de belles ouvertures de Norma et de Guillaume Tell.

En bis, Natalie Dessay nous offre la scène d'entrée d'Amina et conclut avec un "quando me'n vo'" étincelant d'humour et d'abattage.

De belles retrouvailles avec une chanteuse attachante qui réussit pleinement sa reconversion.
 
 

Christian PETER

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(1) En effet, à l'origine, c'est l'harmonica de verre qui devait donner la réplique à Lucia dans la scène de la folie. Pour des raisons de commodités, Donizetti s'est résigné à le remplacer par une flûte. Au disque, la seule intégrale qui restitue l'instrument original est la version de Thomas Schippers avec Beverly Sills, Carlo Bergonzi et Piero Cappuccilli ressortie récemment chez Universal Classics dans la collection Westminster the legacy. 

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