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PESARO
17/08/2007
© Studio Amati Bacciardi
Gioachino ROSSINI (1792-1868)
EDIPO A COLONO
Musique de scène pour la tragédie de Sophocle
versifiée en Italien par Giambattista Giusti
Soliste : Fabio Maria Capitanucci
LE NOZZE DI TETI, E DI PELEO
Azione coreo-drammatica de Angelo Maria Ricci
Giove : Vittorio Prato
Cerere : Mariola Cantarero
Teti : Paola Antonucci
Peleo : Ferdinand von Bothmer
Giunone : Manuela Custer
Orchestre Haydn di Bolzano e Trento
Direction musicale : Ottavio Dantone
Chœur de chambre de Prague
Chef de chœur : Pavel Vanek
Pesaro, Teatro Rossini, le 17 août 2007
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Ossia Il trionfo de Cerere
Ce concert unique de l’après-midi réunissait deux œuvres courtes de Rossini, rarement jouées.
Edipo a Colono,
basé sur la tragédie grecque de Sophocle est une commande
de Giambattista Giusti, un ingénieur en hydraulique, qui avait
lui-même versifié le texte italien. La version
présentée n’est en fait qu’une portion de
l’œuvre originelle, écrite à l’origine
par divers compositeurs. Les pages composées par Rossini ont
été rassemblées pour en faire une courte cantate
pour basse et chœur.
Fabio Maria Capitanucci fait de cette œuvre une lecture vivante. Mais ce qui marque le plus ici (1), c’est l’excellence du Chœur de Chambre de Prague qui impressionne par son élégance et sa sonorité soyeuse, jamais agressive, même dans les forte.
La seconde partie du concert est composée des Nozze di Teti e di Peleo.
Il s’agit d’une œuvre bucolique composée pour
le mariage de la Princesse de Sicile avec le Comte du Berry.
On retrouve dans cette œuvre peu de musique originale, la
partition puisant généreusement dans les ouvrages
antérieurs du maître de Pesaro. On peut citer par exemple,
la mélodie du chœur « Deh Venite »
provenant du trio « Zitti, zitti, piano, piano »
du Barbier de Séville (2).
De même, l’air de Cerere « Ah non potrian
resistere » n’est autre que l’air
« Cessa di piu resistere » du même Barbier,
qui sera repris une année après pour le rondo final de La
Cenerentola, le célébrissime « non piu
mesta ». Ces origines composites n’empêchent pas
l’œuvre d’être très séduisante et
l’on se pique à essayer d’identifier les diverses
citations.
L’interprétation du début de l’œuvre,
réunissant le couple Téti et Peleo ainsi que Jupiter,
laisse une impression mitigée : le Peleo de Ferdinand von Bothmer
ne convainc qu’à moitié dans sa cavatine virtuose
« Giusto cielo » faute d’une gestion
parfaite des registres. Sa Teti est elle disqualifiée par un
timbre manquant de séduction et une émission
étrange. Il est intéressant de noter que Rossini
n’avait pas prévu de solo pour Teti à
l’origine ; un air tiré d’une autre cantate de
Rossini (3) a été rajouté pour permettre à la protagoniste d’avoir son air.
Puis aux trois quarts de l’œuvre on est propulsé
soudain dans des sphères beaucoup plus enchanteresses par
l’apparition de Giunone (Manuella Custer) et de Cerere (Mariola Cantarero),
pour le très beau duo « Chi mi reca le rose ed i
gigli ». La complicité des interprètes (4), les voix se mariant admirablement et leur impeccable virtuosité font enfin décoller le spectacle.
Mais ce n’est qu’un début ! Bien sûr l’aria
de Cerere qui suit, « Ah non potrian resistere »,
est célèbre et très
« payant »… Mais ce n’est pas
suffisant pour expliquer l’ovation que réserve le public
à Mariola Cantarero !
La soprano espagnole enchante les festivaliers par son medium
gorgé de soleil, ses suraigus radieux et puissants, sa technique
impeccable qui lui autorise des colorations variées, et ses
aigus filés, émis piano, qui ne sont pas sans rappeler une autre cantatrice espagnole…
Devant l’enthousiasme du public, la chanteuse accepte de bonne
grâce de bisser son air, avec le même succès.
Bien sûr les esprits chagrins pourront noter quelques
imprécisions ou une vocalisation pas toujours parfaite…
mais devant la beauté intrinsèque de la voix, la
technique éprouvée, on ne peut que rendre les armes !
Difficile dans ces conditions de comprendre pourquoi Mariola Cantarero
n’a aucun engagement de prévu pour l’instant en
France. Mais qu’attendent les programmateurs ?
(1) Comme dans tous les spectacles du festival auquel le chœur a pris part.
(2) Les Nozze de Teti ont d’ailleurs été composées la même année que le Barbier.
(3) La riconoscensa
(4) Qui partagent d’ailleurs l’affiche de la « Gazza ladra ».
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