C O N C E R T S 
 
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LAUSANNE
01/05/05
Les Elements
RECITAL

Choeur de chambre Les Eléments
Corine Durous, piano

Joël Suhubiette, direction
 

MUSIQUE FRANÇAISE PROFANE

Gabriel Fauré (1845-1924)
Les Djinns

Claude Debussy (1862-1918)
Trois chansons

Francis Poulenc (1899-1963)
Sept chansons françaises
Soir de neige

Patrick Burgan (1960)
Absence
When fourty winters

Philippe Hersant (1948)
Der Wanderer
Poèmes chinois

Lausanne, Théâtre Municipal.
1 mai 2005

P-a-r-f-a-i-t ! mais...
 

"L'ennui naquit un jour de l'uniformité", affirmait le dramaturge et critique Antoine Houdar de la Motte (1672-1731). C'est un peu l'impression que laisse le récital proposé par le choeur de chambre Les Eléments. Non pas que la qualité vocale, le chant de cet ensemble puissent être mis en cause, mais sans doute en raison du choix des oeuvres présentées. Qu'il s'agisse de Fauré, de Debussy ou de Poulenc, leurs musiques pour choeur (du moins par cet ensemble) semblent calquées les unes sur les autres. Il fallait être un mélomane très averti pour reconnaître les compositeurs. Cette apparente uniformité tient peut-être aux sonorités du groupe.

Les Eléments. Vingt-trois chanteurs, douze hommes, onze femmes. Plantés sur deux rangs de lutrins, complets vestons noirs, impeccablement cravatés, robes également noires et strictes, les protagonistes semblent moulés dans le même idéal de chant. Un chant de perfectionnistes, un chant d'une précision horlogère. Impeccable, irréprochable, admirable. Rien ne dépasse, rien ne choque, rien n'est excessif. Tout est dans la règle. Quel que soit le registre, chacun prononce le mot pour être compris de tous. Pas un départ de note qui ne souffre d'une quelconque hésitation. Pas une phrase qui ne se termine dans une approximation. Tout cela est parfait. P-a-r-f-a-i-t ! Une perfection qui ressemble à une boule de verre soufflé qu'aucune bulle d'air ne serait venue troubler. La transparence d'un chant désincarné.

Incontestablement, le choeur produit une musique idéale pour un laboratoire musicologique. D'une partition, ils dissèquent chaque note, lui donnent très probablement l'exacte valeur recherchée par le compositeur. Les nuances s'expriment sans à-coups, les registres sont si bien équilibrés qu'il est souvent difficile, voire impossible de déceler le passage des ténors aux altos, des altos aux sopranos. P-a-r-f-a-i-t ! mais... est-ce bien ce que l'on attend d'un concert ? Comme l'affirmait Duke Ellington : "It don't mean a thing if you ain't got that swing !"

Et c'est bien là que le bât blesse. Cette musique parfaite ne "swingue" pas. Elle peine à véhiculer l'émotion. Cette émotion qu'on espère du plus bel instrument : la voix ! Est-ce le but de Joël Suhubiette d'affadir les couleurs de la musique et de niveler les affects que recèlent les poèmes graves de Paul Eluard ?
 
 
 

Jacques SCHMITT
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