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BARCELONE
27/04/05
Simón Orfila
Gaetona DONIZETTI PUCCINI

L'ELISIR D'AMORE

Livret de Felice Romani

Adina: Mariola Cantarero
Nemorino: Joseph Calleja
Belcore: Christopher Schaldenbrand
Dulcamara: Simón Orfila
Giannetta: Khibla Gerzmava
Moretto: José Luis Pérez

Mise en scène: Mario Gas
Décors et costumes: Marcelo Grande
Lumières: Quico Gutiérrez
Chef de choeur: José Luis Basso

Choeur et orchestre du Gran Teatre del Liceu
Direction musicale: Josep Caballé-Domenech

Barcelone, 27 avril 2005

Cette production de l'Elisir de Mario Gas avait été vue il y a sept ans au Théâtre Victoria, à l'époque où le Liceo était en reconstruction. Le directeur catalan transpose l'action dans l'Italie des années 1930, une transposition sage qui ne nuit pas à la lisibilité de l'intrigue. Les soldats qui accompagnent Belcore et qui traversent le parterre avant de monter sur scène ressemblent aux miliciens de Mussolini; Dulcamara arrive sur scène dans un side-car de cette période. Au début du 2e acte, le chef d'orchestre n'est pas dans la fosse mais sur scène tandis qu'on entend une chanson italienne de l'époque du gramophone.

Le Liceo a programmé un grand nombre d'Elisir cette saison avec une alternance allant jusqu'à cinq Adina ou Nemorino différents! Fidèle à sa politique d'ouverture à tous les publics, le Liceo présente ce 27 avril une "deuxième distribution" avec des billets moitié moins chers. C'est aussi l'occasion de présenter des jeunes chanteurs moins connus et de leur offrir ainsi l'opportunité de se faire un nom. Au mois de mai, reviendront des artistes dits de "première distribution" avec, par exemple, Gheorghiu et Villazón sous la direction de Callegari.

Josep Caballé-Domenech n'a pas une grande expérience de chef lyrique, ce qui explique sans doute quelques petits décalages avec le plateau. Sa direction est un peu lente à se chauffer (justement dans les passages lents) mais développe heureusement un bel entrain par la suite. En tout cas, c'est un chef qui sait maintenir l'équilibre entre la fosse et la scène et qui ne pratique pas de coupures dans la partition. Prestations correctes du choeur et de l'orchestre.

L'opéra donizettien est par essence très vocal et au service du bel canto. Ce dernier est justement aux abonnés absents en ce qui concerne le Belcore de Christopher Schaldenbrand, desservi pas une voix sans projection et qui n'offre rien de l'abattage requis par le personnage. La vocalisation n'est pas sûre, l'aigu difficile ; c'est incontestablement le point faible de la soirée.

On retrouve un niveau décent dans la Giannetta de Khibla Gerzmava et le Dulcamara de Simón Orfila. Il manque toutefois à ce dernier une assurance qui viendra peut-être avec les années. Nos regards se tournent donc vers le couple de protagonistes formé ici par deux jeunes chanteurs.

Le ténor maltais Joseph Calleja se révèle emprunté dans son jeu. A vrai dire, ce n'est point trop gênant quand on joue le simplet du village Nemorino et qu'on doit sembler pataud. À son crédit, un timbre doux, voire mielleux, qu'on entendait plus souvent il y a cinquante ou soixante ans chez certains ténors. En revanche, à partir du la, l'aigu perd en puissance quand chez ses confrères la voix se corse et gagne en force. En fait, concernant la partie supérieure de la tessiture, on ne l'entendra pas du tout ce 27 avril. Il est curieux tout de même que ce ténor soit capable d'émettre le contre-ut, voire le contre-ré en studio (son récital chez Decca) et qu'il tremble devant un si bémol sur scène...

Nous suivons depuis quelques années la jeune et rondouillette Andalouse Mariola Cantarero. On ne peut dire que les robes qu'elle porte la favorisent, mais son jeu reste piquant. Son timbre ne fait pas l'unanimité; certains peuvent le trouver ingrat ou acide sur certaines notes. Par contre, l'artiste a pour elle une technique indéniable et solide, elle sait ce que respirer et phraser veulent dire. Le volume est égal du grave à l'aigu et la voix se plie aux crescendo et decrescendo sans difficultés. Cantarero est capable de vaillance et sait prendre des risques (longues notes tenues, contre-mi bémol ajouté à la fin du premier acte par exemple). Il y a tellement de soprani au timbre parfois plus flatteur, mais incapables de soutenir une longue phrase qu'on ne peut que saluer une musicienne qui sait chanter dans les règles de l'art.

Après le rideau final, chose assez rare, Dulcamara bisse ses couplets alors que le public ponctue le refrain de ses applaudissements.
 
 
 

Valéry FLEURQUIN
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