C O N C E R T S 
 
...
[ Sommaire de la rubrique ] [ Index par genre ]
 
......
MADRID
14/02/03

(© Javier Del Real)
FAUST 

Charles GOUNOD

Faust : Aquiles Machado
Méphistophélès : Robert Hale
Valentin : Jean-François Lapointe
Marguerite : Mariella Devia
Siébel : Lola Casariego
Marthe : Mabel Perelstein
Wagner : Marco Moncloa

Direction musicale : Alain Guingal
Mise en scène : Götz Friedrich
Décors : Andreas Reinhardt
Costumes : Jan Skalicky

Choeur et orchestre du Teatro Real

Madrid, Teatro Real, 14 février 2003


Un Faust - presque - intégral
 

Cela faisait bien des années que le public madrilène n'avait pu voir le Faust de Gounod. Cette production fut créée à Zürich en 1997. Le décès de Götz Friedrich en 2000 a laissé la réalisation de la scénographie aux mains de Claudia Blersch et le Teatro Real a voulu rendre hommage au metteur en scène disparu en lui consacrant une exposition dans ses murs pendant les représentations. 

La mise en scène mêle les éléments traditionnels avec d'autres plus modernes ou atemporels. Par exemple, pendant la valse de l'acte II, des couples de danseurs professionnels en habit et robe longue donnent une touche viennoise. En revanche, la nuit de Walpurgis voit réunis des pom-pom girls, des drag-queens, un jongleur debout dans son cercueil et des danseurs underground. Les costumes pourraient être des années 1910 ou 1920, mais la maison de Marguerite est un cube transparent entouré de fleurs artificielles et, pendant tout l'acte II, de grands panneaux pivotent selon un axe circulaire.

Au crédit d'Alain Guingal, chef correct, on mettra le rétablissement de passages souvent coupés : nous entendrons ainsi le deuxième air de Marguerite "Il ne revient pas", suivi du deuxième air de Siébel "Si le bonheur" et du récitatif précédant le retour des soldats - dont un certain nombre reviennent en fauteuil roulant. Le chef rétablit aussi des passages coupés du trio final, coupe le "Doux nectar" de Faust à Walpurgis, mais greffe à la place le dernier mouvement du ballet ("La danse de Phryné"), propice à toute bacchanale effrénée. Orchestre et choeur s'en sortent honorablement.

La première distribution propose Aquiles Machado en alternance avec Richard Leech. De son maître, Alfredo Kraus, il a le timbre nasal et le souci de la ligne de chant, mais il n'a pas la sûreté des aigus. Le contre-ut de la cavatine est raté et aussitôt détimbré. Il sera d'ailleurs annoncé souffrant après l'entracte. Robert Hale a chanté Méphisto sur presque toutes les scènes ; il compose un diable de tradition, ricanements d'histrion inclus. La diction est acceptable et la voix, après une si longue carrière, passe toujours la rampe. Jean-François Lapointe assure un Valentin de bonne tenue, tout comme le Siébel de Lola Casariego et la Marthe de Mabel Perelstein.

Reste la Marguerite de Mariella Devia. Le phrasé est soigné dans les moindres détails, les aigus ne lui posent évidemment aucun problème, la musicalité est parfaite, mais le médium est sourd et les graves presque inaudibles. D'une manière générale, la voix manque de corps et l'artiste demeure trop concentrée sur le sort qu'elle veut réserver à l'octave grave de sa tessiture.

Ce Faust, presque complet, laisse un souvenir mitigé.
 
 

Valéry Fleurquin


Photographies de la production sur le site du Teatro Real de Madrid ou sur le site et Birgit Popp
[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]