C O N C E R T S 
 
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MONACO
27/01/05
© DR
FAUST

Charles GOUNOD

Opéra en cinq actes
Livret de Jules Barbier et Michel Carré (d´après Goethe)
Créé au Théâtre-Lyrique - Paris, le 19 mars 1859

Faust : Paul Charles Clarke
Marguerite : Angela Gheorghiu
Méphistophélès : Orlin Anastassov
Valentin : Jean-François Lapointe
Siebel : Marie-Ange Todorovitch
Dame Marthe : Carole Wilson
Wagner : Pierre Doyen

Direction musicale : Jean-Claude Casadesus

Chef de choeur : Kristan Missirkov

Mise en scène : David Mc Vicar
Réalisé par Lee Blakeley
Décors : Charles Edwards
Costumes : Brigitte Reiffenstuel
Eclairages : Paule Constable
Chorégraphie : Michael Keegan-Dolan

Choeurs de l´Opéra de Monte-Carlo
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo

Nouvelle production
En coproduction avec le Royal Opera House-Covent Garden,
l'Opéra de Lille et le Théâtre Verdi de Trieste

Jeudi 27 janvier 2005
Monte Carlo
Grimaldi Forum - Salle des Princes

L'opéra le plus célèbre au monde - avec la Carmen de Bizet bien sûr - a attendu vingt-cinq ans avant de retrouver le soleil monégasque et a soulevé une petite tempête de protestations au baisser de rideau. Preuve de son éternelle jeunesse !

Bien que basé sur la seule première partie de l'oeuvre de Goethe, l'ouvrage concentre l'action autour du personnage de Marguerite. Ce n'est pas pour rien que les Allemands l'ont rebaptisé Margarete...

Le plébiscite parisien et les louanges d'un Debussy ou d'un Berlioz à la création en 1864 (tous deux y virent une source d'inspiration inépuisable de joies mélodiques) ont très tôt attiré les foudres d'un autre public. Celui qui considère cet incontestable chef-d'oeuvre comme un grandiose monument de poussière et d'ennui avec un massacre en règle du mythe - profondément métaphysique - réduit à une banale histoire d'amour. Le caractère pompier de certaines pages apportant de l'eau à leur moulin. Il est vrai aussi que le personnage de Méphisto ne figure ici qu'un Diable de carton-pâte et paraît la caricature de celui de Berlioz, d'une toute autre complexité...

Il faut donc une sacrée dose de culot à tout metteur en scène pour s'attaquer à ce pilier du répertoire sans verser dans le ridicule ou la bondieuserie saint-sulpicienne (grosso do tout ce qui, dans l'Hexagone, se fait en province).


© DR

David Mc Vicar donne un salutaire coup de balai à tout cela. Du dépoussiérage efficace, drôle parfois, un somptueux livre d'images fortes avec, toutefois, une pointe de déjà vu pour certains globe-trotters lyriques : Méphisto en distributeur de billets de banques dans la Ronde du Veau d'Or (Carsen), un Siebel boiteux (Joël), une Marguerite tondue et un Faust en double vestimentaire de son Mentor (Lavelli), une Nuit de Walpurgis qui tourne à la partouze avec son Diable en travelo (Ronconi ou Russel ?)... On en passe et des meilleurs. 

Finalement, pas de quoi fouetter un chat. Annoncé comme sulfureux, le spectacle n'a certainement pas ébranlé le Rocher avec sa timide bronca toute méridionale au salut final.

Vocalement, le spectateur n'est pas toujours à la fête. Grippé, le Bulgare Orlin Anastassov sauve le spectacle et y laisse ses plumes noires d'Ange Maudit. Dans un français approximatif, l'acteur l'emporte sur le chanteur, pourtant capable ça et là de donner un certain relief aux morceaux tant attendus.

Sans doute le plus mauvais Faust de la discographie, Paul Charles Clark (sévèrement sanctionné par le public), là encore dans un français indigne, pas toujours dans la portée, voix d'opérette promue un soir demi caractère, nous fait regretter les Vanzo, Gedda et autre Chauvet.

Avec Angela Gheorghiu, le malaise s'installe dès l'acte du Jardin. Ports de voix à la pelle, graves abyssaux, vocalises approximatives pour un tristounet Air des Bijoux (Guiot !), trio final sans vraie projection, chant vériste à la nausée. Molle de diction, minaudant ou hystérique, la belle Roumaine s'enlise totalement dans un minimum syndical indigne. A-t-elle vraiment approfondi son personnage et travaillé la partition depuis ses représentations londoniennes ? Qu'importe finalement. Son brelan d'admirateurs lui a fait un triomphe sonore et sans doute téléphoné.

Carole Wilson, truculente, sympathique Dame Marthe érotisée à l'extrême, Jean-François Lapointe, Valentin macho et cynique à souhait, et la toujours parfaite car efficace Marie-Ange Todorovitch en Siebel claudiquant, pathétique et sonore, relevaient par bonheur le niveau de l'ensemble.

Même Jean-Claude Casadesus ne semblait guère convaincu à son pupitre. Entre gris clair et gris foncé, sa direction chaloupée, bien peu visionnaire (on dirait parfois du plus mauvais Meyerbeer), manquait souvent de poésie et de rigueur.
 
 

Christian COLOMBEAU
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