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LYON
30/11/03
(© Gérard Amsellem)
Ludwig van BEETHOVEN

FIDELIO

Livret de Joseph von Sonnleithner
et Georg Friedrich Treitschke

Direction musicale : Leopold Hager
Mise en scène : Nikolaus Lehnhoff
Décors : Raimund Bauer
Costumes : Anna Eiermann

Don Ferrando : Kurt Gysen
Don Pizzaro : Claudio Otelli
Florestan : Robert Dean Smith
Léonore : Gabriele Fontana
Rocco : Reinhard Hagen
Marcelline : Claudia Braun
Jaquino Eberhard : Francesco Lorenz

Orchestre et choeurs de l'Opéra de Lyon

30 novembre 2003


Cette production de Fidelio représentée au dernier festival de Pâques de Salzbourg a beaucoup fait parler d'elleÖ Arte a retransmis le spectacle et EMI publié un enregistrement. Alors pourquoi voir cette reprise à Lyon ?
Pour plusieurs raisons, à commencer par la distribution complètement renouvelée. 

L'Autrichienne Gabriele Fontana effectue ici une prise de rôle remarquable.
La voix est belle et généreuse, l'aigu vaillant et rond ( jusque dans l'impossible si final de son air). Elle vit son rôle comme peu d'artistes peuvent le faire, son interprétation est émouvante de bout en bout - on attend avec impatience son retour à Lyon en mars prochain pour le premier acte de la Walkyrie.

Robert Dean Smith est l'étoile montante de Bayreuth, coutumier des rôles wagnériens. C'est dire si Florestan doit être dans ses cordes. Vocalement, il assure. Dramatiquement, il reste en retrait face à l'abattage de Gabriele Fontana.


(© Gérard Amsellem)

Reinhard Hagen est un Rocco impressionnant par sa taille, plus fataliste que débonnaire, mais vocalement superbe. En revanche, Claudio Otelli -Pizarro - est plus raide que vraiment méchant. La voix est engorgée, son jeu est presque caricatural.
Kurt Gysen rend justice à la noblesse des quelques phrases de Don Fernando, belle voix, hauteur de ton : artiste à suivre. Le couple Jaquino-Marcelline fonctionne bien. 

Seul bémol : le costume de Claudia Braun ; il lui donne une allure étrange, en parfait contraste avec le reste de la distribution. Car l'ensemble est évidemment plutôt sobre, voire austère, mais nous sommes dans un milieu carcéral. Tous les protagonistes sont habillés de gris ou de noir, coupes strictes sans fantaisie. L'uniformité est poussée à son comble avec les choristes dont les visages sont cachés par des cagoules couleur chair.

A la création de cette production, on a beaucoup polémiqué sur la coupure des dialogues. Ils sont ici remplacés par de très courtes scènes mimées. Fallait-il les garder ? C'est à voir, il n'y a pas un quart de la salle qui soit germanophone. Et certains Allemands - Thomas Quastoff en tête - trouvent ce texte d'une rare platitude, alors à quoi bon le garder ? D'autant que le résultat est plutôt réussi, assez crédible, efficace et sobre à la fois.

L'autre grande réussite de cette production, c'est le dispositif scénique, allié à des lumières très recherchées. Le metteur en scène, Nikolaus Lehnhoff, a été l'assistant de Wieland Wagner. Il propose un décor unique, en acier. La noirceur ambiante est coupée aux moments clefs de l'action par des éclairages blancs.

Yvan Fisher devait initialement diriger cette production. Il était le directeur musical de l'ONL jusqu'à l'arrivée du nouveau directeur général Serge Dorny.
Les deux hommes ne se sont pas entendus, Fisher a donc claqué la porte et c'est Léopold Hager qui le remplace pour cette série de représentations. Le chef autrichien (cheville ouvrière de l'intégrale des opéras de jeunesse de Mozart chez Philips) est un habitué de ce répertoire et dirige de façon très vive un orchestre somptueux et un choeur de très haute tenue.
 
 

Olivier DENOYELLE
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