Pour conclure le festival Mozart,
le petit théâtre Rosalia Castro,aux trois quarts rempli, a
proposé un récital du jeune ténor péruvien
J.D.Florez. Lors de sa dernière intervention en Espagne (à
Madrid, Teatro Real, en mai) le ténor avait eu quelques problèmes
l'obligeant à interrompre son récital pendant plus d'une
demi heure et à le terminer avec prudence mais honneur.
Le récital de A Coruña
n'a été ni prudent ni honorable ; il a été
un triomphe à la César.
La première partie commençe
avec Mozart. "Ridente la calma" puis "Un'aura amorosa" superbement phrasé
et tenu sur le souffle. Pour tester la virtuosité suit "Si spande
al sole" extrait de Il Re pastore. Le public reçoit avec intérêt
ce premier groupe d'airs.
Florez passe alors à Rossini
avec "l'esule" chanté avec sentiment et grande musicalité.
Les demi teintes sont fort réussies, le ténor ne détimbrant
jamais dans la nuance piano ou mezzo forte. Un extrait de Il signor Bruschino
laisse ensuite la place au grand air de La Cenerentola, "Principe più
non sei". La virtuosité s'impose sans problème, les nombreux
contre-ut sont émis avec facilité. Le grand art, en tout
cas, donne cette impression de facilité. Le public exulte à
la fin de cette première partie.
La deuxième partie s'ouvre avec
Bellini ("Malinconia") après que le ténor a averti le public
qu'il avait changé par rapport à ce qui était écrit
sur le programme. Il enchaîne aussitôt avec le grand air de
I Capuleti ("O di Capellio generosi amici"), chanté avec sa reprise
et conclu par un superbe ut, tenu encore à volonté. La tension
monte d'un cran parmi le public qui n'en croit pas ses oreilles. La mélodie
de salon est représentée par trois Tosti: "Ideale", "Seconda
mattinata" et "L'alba separa", chantés dans le meilleur style et
sans faute de goût.
Le récital se conclut par l'air
final du Barbiere de Rossini, grand cheval de bataille de Florez qui le
chante justement à Milan pendant ce mois de juillet. Les vocalises
sont fluides, la technique ne fait jamais défaut.
Les acclamations saluent le chanteur,
obligé de concéder un bis: La Fille du régiment. Que
dire de plus, sinon répéter que le style est parfait? Florez
ne traite pas cette musique comme de l'opérette, mais avec applomb
et tous les contre-ut sont émis avec une technique stupéfiante.
Le public crie, tambourine, propose même quelques titres de deuxième
bis! Florez propose alors "Granada" pour la plus grande joie du public
espagnol. Ce morceau permettra à V.Scalera d'improviser dans la
reprise du refrain et au ténor de Lima d'intercaller des mélismes
andalous, un premier ut puis un dernier tenu à la fin. Est-il utile
de préciser que l'enthousiasme devient hystérie collective
et que le public ne tient pas à quitter son fauteuil? Il ne le fera
qu'après un dernier bis: "una furtiva lagrima". J.D.Florez a conquis
le public par sa voix mais aussi par un contact très naturel et
sympathique.
Valéry Fleurquin